Ventes aux enchères

Les ventes publiques ont baissé de 58 % dans le monde au premier semestre

Par Lorraine Lebrun · lejournaldesarts.fr

Le 17 septembre 2020 - 600 mots

MONDE

La catégorie des œuvres de plus de 10 M$ a davantage souffert que les autres segments, rapporte Artnet.

La vente One organisée par Christie's le 10 juillet 2020 dans quatre villes différentes (ici, New York). © Christie's Images Limited.
La vente « One » organisée par Christie's le 10 juillet 2020 dans quatre villes différentes (ici, New York). ©
© Christie's Images Limited.

« La surprise, pour moi, c’est que la baisse ne soit pas plus importante », s’étonne Doug Woodham, ancien président de Christie’s Amérique et conseiller en investissement dans l’art. C’est le constat dressé par Artnet dans un récent rapport, qui analyse les conséquences de l’épidémie sur l’activité des maisons de vente au premier semestre 2020. Pourtant les chiffres sont loin d’être rassurants, surtout si on les compare à la baisse de 36 % des ventes des galeries, selon le rapport de Clare McAndrew.

Sur cette période, plus de 2,4 milliards d’euros (2,9 milliards de dollars) ont été adjugés par les maisons de ventes dans le monde. C’est 58 % de moins qu’en 2019 sur la même période avec des « pointes » à – 82 % comme en Chine.

Les ventes publiques ont ainsi subi une importante contraction, avec dans un premier temps, une baisse substantielle de la demande. Ce qui est allé de pair avec une diminution de l’offre : le nombre d’œuvres mis à l’encan par rapport à la même période l’année précédente a chuté de 30 %, notamment sur les œuvres estimées à 1 million d’euros et plus. Exit également les œuvres « trophées » et leurs potentielles ventes records. Les collectionneurs pouvant se le permettre ont préféré différer la vente, ou vendre de gré à gré plutôt que de prendre le risque de céder leurs pièces à bas prix. « N’importe qui avec un minimum de sagesse ne va pas vendre une œuvre à plus de 10 millions d’euros aux enchères en plein milieu d’une pandémie. » explique Jeff Rabin, co-fondateur d’Artvest Partners, cabinet de conseil investissement en art.

Ce qui explique que le prix moyen des œuvres ayant trouvé preneur sur cette période a globalement chuté de 41 % par rapport au premier semestre 2019 pour s’établir autour de 21 800 euros (environ 25 930 dollars).

Le rapport explique que la chute est moins alarmante que prévu en raison de la bonne reprise des marchés financiers à la fin du printemps. Par ailleurs, s’est développé ce que Woodham appelle le « COVID-boredom-induced buying » (littéralement « l’achat entraîné par l’ennui dû au Covid ») : ce sont ces riches oisifs qui, enfermés chez eux, ont eu tout le loisir de naviguer sur des sites d’enchères en ligne et faire des achats plus ou moins compulsifs.

La demande s’est donc reportée sur des œuvres moins chères, en adéquation aussi avec les prix moins élevés sur Internet. Malgré la diminution de l’offre, la demande s’est relativement maintenue. Toutes les catégories d’œuvres ont ainsi vu leur taux d’invendu demeurer constant, voire légèrement baisser. Le taux global s’établit à 34,5 %, soit un peu moins qu’au premier semestre 2019. La raison ? Les maisons de ventes ont préféré faire des estimations basses pour rester attractives. Mais ce chiffre s’explique aussi par le fait que les sites de vente en ligne ne comptent pas toujours dans leurs statistiques les œuvres ayant échoué à trouver preneur.

La demande se reportant sur des lots moins chers, c’est le segment des œuvres estimées à moins de 10 000 dollars qui s’est montré le plus résilient, avec une baisse de seulement 28 % par rapport à 2019. Mais il ne pèse que 8 % du marché en valeur. Pour les autres segments, la baisse a été cependant bien plus brutale s’établissant entre 60 et 65 %. La chute la plus spectaculaire concerne finalement le segment d’œuvres estimées à plus de 10 millions de dollars dans la catégorie moderne et impressionniste (30 % des ventes), où les ventes ont dégringolé de 70 %, en raison de la réticence des vendeurs.

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