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Les « must-see » de Bâle 2018

Par Stéphane Renault · Le Journal des Arts

Le 12 juin 2018 - 1114 mots

BALE / SUISSE

En quelques noms et un tour des secteurs, ce qu’il faut voir dans les galeries et en ville.

La galerie Daniel Templon présente Claude Viallat dans la section Unlimited à Art Basel 2018
La galerie Daniel Templon présente Claude Viallat dans la section Unlimited à Art Basel 2018
© Art Basel

Bâle. Cette année encore, l’éclectisme est de mise sur les bords du Rhin. À commencer au sein du secteur « Unlimited », réservé aux grands formats, qui ne réunit pas moins de 71 projets et dont le commissariat a été confié, pour la septième année consécutive, à Gianni Jetzer, curator-at-large (commissaire lié) au Hirshhorn Museum de Washington. Au programme, installations, sculptures monumentales, projections vidéo, « wall paintings », séries photographiques et performances. Autant de types de pièces signées Matthew Barney, Yto Barrada, Camille Henrot, Jenny Holzer, Mark Leckey, Lee Ufan, Ai Weiwei, Francis Alÿs, General Idea, Richard Long, James Turrell, Dan Graham, Douglas Gordon, Bruce Conner, Paul Chan, Lygia Pape, Yoko Ono, Claude Viallat, Cerith Wyn Evans, Rirkrit Tiravanija…

En 2007, Daniel Buren avait transformé les escalators menant au premier étage du Hall 1 en une sculpture cinétique intitulée Passage de la couleur, 26 secondes et 14 centièmes. L’œuvre fait désormais partie intégrante du hall d’exposition et accueille les visiteurs avec son pendant, Una cosa tira l’altra, reprenant les mêmes bandes et conçu spécialement pour cette édition par l’artiste français. Pour la première fois, il faudra en effet monter à l’étage pour accéder à ce secteur « bigger is better ».

Parmi les autres moments forts annoncés : les bandes de tissu entrelacées de Polly Apfelbaum composant une toile bigarrée ; Rashid Johnson dans un savant mélange de sculptures en beurre de karité et portraits vidéo ; une peinture spectaculaire de Katherine Bernhardt avec oiseaux tropicaux et robots ; une installation interactive multimédia de Nedko Solakov, neuf sofas en forme de caractères chinois composant, non sans une certaine ironie, la phrase : « I miss Socialism, maybe », ou encore une grande toile de Yu Hong tirée d’une célèbre fable de l’empire du Milieu, dans laquelle l’artiste pointe l’héritage du communisme dans la société chinoise contemporaine. Mention particulière à l’installation de Fred Sandback (galerie David Zwirner), sculpteur d’espace minimaliste, dont l’infime délicatesse fait merveille. Un concentré de matière grise, à contre-courant de la débauche de matériaux déployée à « Unlimited », par définition « sans limite ». Ceux qui ont vu l’an passé la remarquable exposition que lui a consacrée la Fondation Bernar Venet (Le Muy, Var) retrouveront ici cette subtile économie de moyens, inversement proportionnelle aux effets visuels obtenus.

« Galleries »

Cœur du réacteur, le secteur principal « Galleries » regroupe 227 galeries, soit la crème de la crème des enseignes internationales d’art moderne et contemporain. Dénotant la volonté des organisateurs de la foire d’ouvrir la sélection à de plus jeunes galeristes contemporains mais aussi à la relève en matière d’art moderne, neuf heureux élus intègrent pour la première fois ce secteur : 47 Canal (New Yok), Alexander Gray (New Yok), Casas Riegner (Bogotá), Kadel Willborn (Düsseldorf), Kate MacGarry (Londres), KOW (Berlin), Tokyo Gallery + BTAP (Tokyo) et les paulistes Mendes Wood DM et Bergamin & Gomide. Cette dernière accroche sur son stand des œuvres historiques de modernistes brésiliens, Lygia Clark, Mira Schendel, Sérgio Camargo et Alfredo Volpi. Du côté des galeries parisiennes : Applicat-Prazan exposera des peintures de Jean Fautrier, Jean-Paul Riopelle, Nicolas de Staël, André Masson et Pierre Soulages ; Tornabuoni Art voue un stand entier à huit Plastiche d’Alberto Burri, une série commencée dans les années 1960. Des œuvres iconiques très recherchées. En 2017, l’une d’elles a atteint 11 millions de dollars (plus de 8 M€) lors d’une vente aux enchères à New York. Templon présente quant à lui une exposition collective retraçant la longue histoire de la galerie (52 ans), à travers des œuvres de Robert Motherwell, Georges Mathieu, Jim Dine, Frank Stella, George Segal mais aussi Arman, Victor Vasarely et la jeune génération, de Franz Ackermann à Chiharu Shiota. Chez Nathalie Obadia sont à l’honneur, entre autres, des sculptures de Rina Banerjee et de Wang Keping, une œuvre de Sarkis, une tapisserie de Josep Grau-Garriga. Perrotin expose, au côté de Simon Lee, un ensemble de toiles de Bernard Frize, en avant-première de la rétrospective du peintre programmée au Centre Pompidou en juin 2019.

« Feature »

Le secteur « Feature », confié à des commissaires, réunit 32 projets d’artistes à la fois historiques et contemporains. Cette année, six nouvelles galeries y font leur entrée : Barbara Gross (Munich), Max Mayer (Düsseldorf), Richard Saltoun (Londres), Lange + Pult (Zurich), Bernard Bouche (Paris) et Franklin Parrasch (New York). On retiendra parmi les présentations les plus attendues les œuvres de Lubaina Himid, lauréate du Turner Prize 2017 (galerie Hollybush Gardens, Londres), celles de Helen Chadwick (Richard Saltoun, Londres), dont la pratique multidisciplinaire à l’intersection de l’art conceptuel, de la performance et du féminisme a fortement influencé les jeunes artistes de la Young British Generation dans les années 1980. Autre motif d’intérêt, des œuvres rarement vues de Rachel Whiteread (Galleria Lorcan O’Neill, Rome), première femme lauréate du Turner Prize en 1993, qui a bénéficié il y a quelques mois d’une rétrospective à la Tate Britain. Parmi celles-ci, cinq sculptures « bookshelf », incarnations de son travail sur la mémoire. Citons également les galeries Monica De Cardenas (Milan), qui montre des pièces de la fin des années 1950 d’Alex Katz, Hamiltons (Londres), venue avec des photographies d’Irving Penn datant de 1930-1940, et Pietro Sparta, trois œuvres de Gilberto Zorio, figure de l’Arte povera.

« Statements »

Toujours riche en découvertes, le secteur « Statements » propose 18 projets monographiques d’artistes émergents. Dix galeries y font leur baptême du feu : White Space Beijing (Pékin), Jan Kaps (Cologne), Sandy Brown (Berlin), Antoine Levi (Paris), Mor Charpentier (Paris), Madragoa (Lisbonne), Freedman Fitzpatrick (Paris), Croy Nielsen (Vienne), Carlos/Ishikawa (Londres) et Essex Street (Londres).

Les problématiques sociopolitiques sont à l’ordre du jour dans l’installation de Flaka Haliti (Deborah Schamoni, Munich), qui a composé un robot à partir d’objets trouvés dans les camps militaires au Kosovo, et chez Antoine Levi avec Ark d’Alina Chaiderov, une métaphore du voyage de l’artiste, exilée de sa Russie natale en Suède en 1990. Mor Charpentier présente, de Lawrence Abu Hamdan, une installation vidéo associant images et sons enregistrés à la frontière israélo-syrienne dans le Golan. Chez Experimenter (Kolkata, Inde), Rathin Barman explore dans une série de nouvelles sculptures l’histoire des migrants à Calcutta.

Enfin, Art Basel ne s’arrête pas aux portes du Messe. Le « Parcours » hors les murs propose de découvrir 23 œuvres disséminées dans le centre-ville. Samuel Leuenberger, son commissaire, a conçu un itinéraire autour du thème « Telling stories for the future » (raconter des histoires pour le futur). De la statue envahie d’abeilles de Pierre Huyghe, installée dans un jardin, à une intervention sonore due à Hannah Weinberger, de Julian Charrière au Naturhistorisches Museum à Jessica Stockholder dans différents lieux. Point culminant, « Parcours Night » propose le 16 juin une série de performances sur et autour de la Münsterplatz.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°503 du 8 juin 2018, avec le titre suivant : Les « must-see » de Bâle 2018

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