Foire & Salon

A Art Basel, le marché au beau fixe

Par Stéphane Renault · lejournaldesarts.fr

Le 13 juin 2018 - 861 mots

BÂLE / SUISSE

Pour sa 49e édition, la foire d’art contemporain leader a ouvert ses portes dans une ambiance toujours aussi acheteuse. 

Matthew Barney, Unlimited, Art Basel 2018
Matthew Barney, Unlimited, Art Basel 2018
Photo Stéphane Renault pour le JdA

Après l’ouverture lundi du secteur Unlimited, le « First Choice VIP » mardi matin réunissait, une coupe de champagne à la main, le nec plus ultra des collectionneurs. Nonobstant une légère pluie, tout ceux qui comptent dans le monde de l’art à l’échelle de la planète, réunis pour la semaine à Bâle, attendaient de franchir les portes du Messe pour découvrir ce millésime 2018. 

Unlimited sans limites

A Unlimited, la taille des pièces le dispute à leur nombre : 71 projets, dont le commissariat a été confié cette année encore à Gianni Jetzer du Hirshhorn Museum de Washington. Installations, sculptures monumentales, projections vidéos, « wall paintings », séries photographiques, performances… les visiteurs ont l’embarras du choix. Première impression, la présence de nombreuses valeurs sûres, d’artistes historiques. David Zwirner présente une exceptionnelle installation minimaliste de Fred Sandback, aussi aérienne que celle de Lygia Pape proposée par Hauser & Wirth. Daniel Templon offre au regard une des pièces les plus spectaculaires de Viallat, créée en 1980, montrée au centre Pompidou en 1982, plus jamais exposée depuis. 

Au sol, une installation de 3 000 éclats de porcelaine de la dynastie Ming de Ai Weiwei. Dans une salle, « Catso Violet », installation lumineuse de 1967, comme toujours fascinante, de James Turrell. Plus loin, un atelier très « Do it yourself », « Mend Piece », initialement créé en 1966 par Yoko Ono. A l’invitation de l’artiste et de la galerie Lelong & Co, les visiteurs peuvent s’asseoir autour d’une table pour recoller, rafistoler des débris de tasses avant de placer leur œuvre sur l’une des étagères disposées derrière eux. Au rang des classiques : une grande toile de Rosenquist, une installation en pierre de Richard Long ou encore « Translucent Chromointerferent Environment » (1974-2009), installation Op art de Carlos Cruz-Diez proposée par la pauliste Raquel Arnaud. Remarquables aussi, les toiles de General Idea, l’ensemble de cadres noirs « Nero Cellotex » de Alberto Burri (1975-1987), la pièce de Matthew Barney ou celle Wolfgang Laib, « You will go somewhere else » (1997-2005), six bateaux réalisés en cire d’abeilles. 

Dans le registre percutant, difficile de rester indifférent à l’installation sonore de Douglas Gordon ou la vidéo de Bruce Conner, « Breakaway » (1966), dans laquelle une danseuse évolue avec frénésie sur une musique psychédélique, incarnation des transes sous influence de la contre-culture américaine. Plus sombre, formellement très intéressant, le film projeté sur trois écrans de Richard Mosse, « Incoming » (2016) documente les voyages des réfugiés du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord vers l’Europe à l’aide d’une caméra thermique militaire destinée à détecter la présence d’un corps humain. On s’attarde également sur « Saturday », vidéo récente en 3D de Camille Henrot sur l’église adventiste du septième jour. Moins sur les baudruches gonflables de Paul Chan. Autre source de curiosité, la projection du « Dream Journal » de Jon Rafman, à mi-chemin du jeu vidéo d’action et du dessin animé – un voyage dantesque, épique, parfois grotesque, dans lequel on s’immerge volontiers, allongé sur de confortables fauteuils.

Dans le saint des saints

Dans le secteur « Galleries », qui regroupe 227 galeries d’art moderne et contemporain, les affaires ont commencé très fort dès le premier jour d’ouverture aux VIP. On croisait dans les allées les plus grands collectionneurs internationaux, européens mais aussi américains, asiatiques. Edouard Carmignac tombait dans les bras de Larry Gagosian devant un splendide Rothko, entouré de Picasso, Basquiat, Warhol, Lichtenstein, Baselitz… La galerie Max Hetzler présentait plusieurs toiles signées Albert Oehlen, une petite série de Edmond de Waal (chaque pièce vendue 50 000 dollars), Bridget Riley (vendu 400 000 £) et un grand Schnabel rose sur une bâche de marché trouvée au Mexique (275 000 dollars). 

Chez Michael Werner, un lumineux Per Kirkeby (1996) côtoyait un Lapid Lazuli de Polke (1998), une toile de Penck (1978), des Picabia… Face à un exceptionnel petit Polke bleu et jaune intitulé « Reagan and Dots » (1986), un client américain demandait si le cadre en bois était inclus dans le prix (environ 1,5 million de dollars). White cube montrait des œuvres de Rudolf Stingel, Christopher Wool, une sculpture de Antony Gormley, une armoire à pharmacie remplie de boites de médicaments et plusieurs toiles avec des points de l’inoxydable Damien Hirst. Également, des œuvres de Tracey Amin, un autoportrait de Chuck Close et une pièce de Theaster Gates, artiste exposé en ville au Kunstmuseum Basel. 

Tornabuoni Art présente l’un des plus beaux stands de la foire, entièrement dédié à une série de huit Plastiche d’Alberto Burri, débutés dans les années 1960. Quelques heures seulement après l’ouverture des portes, la galerie Pace faisait part d’excellentes ventes, parmi lesquelles « Chrysanthemums » (1996) de David Hockney pour 2,5 millions de dollars et deux toiles de Robert Ryman d’une série datant de 2008, 650 000 dollars chacune. David Kordansky confiait de son côté avoir cédé deux œuvres historiques de Sam Gilliam du début des années 1970, l’une d’entre elles pour un montant de 850 000 dollars, ainsi que plusieurs œuvres dans une fourchette de 100 000 à 400 000 dollars. 

Thématiques

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque