Pays-Bas - Foire & Salon - Spécial Covid-19

Les exigences de la Tefaf en cas d’annulation font hurler les marchands

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 14 décembre 2021 - 684 mots

MAASTRICHT / PAYS-BAS

Une trentaine d’exposants se sont désistés pour l’édition de mars après un courrier de l’organisateur de la foire.

Vue de l'édition 2020 de la Tefaf. © Tefaf.
Vue de l'édition 2020 de la Tefaf.
© Tefaf

Alors que la prochaine Tefaf de Maastricht doit normalement se tenir en mars 2022 (*), la reprise de la pandémie pourrait conduire à son annulation, à l’instar de la Brafa. La Tefaf a adressé le 4 décembre dernier un courriel à ses exposants leur apportant des précisions sur les frais d’annulation qu’ils devraient supporter si jamais la foire ne se tenait pas - question sur laquelle elle doit statuer ce 15 décembre.

Dans ce message, les organisateurs indiquent que les exposants pouvaient renoncer à participer au salon jusqu’au vendredi 10 décembre. « Jusqu’à et y compris cette date, Tefaf conserve 7 500 € pour les dépenses et autres obligations contractuelles ». Puis, ils précisent que « la Tefaf ne demandera pas aux exposants de payer les frais de location de stand (prix au m2) si elle décide d’annuler avant le 15 décembre » et de poursuivre : « si le gouvernement néerlandais nous oblige à annuler à une date ultérieure, après le 15, il est important d’être conscient que cela aura des implications financières pour tous les participants »

Plusieurs marchands se sont dit révoltés par cette lettre. « Ce qui est en train de se passer est inimaginable ! », a lancé l’un d’entre eux. Quatre jours plus tard, en France, le 8 décembre le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) - estimant peu clair ce courriel - a envoyé un mail à ses adhérents dans le but d’attirer leur attention. 

Les marchands qui ont souhaité se rétracter avant le 10 décembre ont perdu leur acompte de 7 500 €. « Au moins une trentaine de marchands, français et étrangers et une bonne partie de la section design », se sont désistés. « Moi, j’ai simplement envoyé un mail vendredi pour signifier à la Tefaf que, dans ces conditions, je ne prenais pas ce risque et que donc, je me retirais », a indiqué un exposant sous couvert d’anonymat. Et de continuer : « je n’en ai pas dit plus mais je trouve leur manière de faire scandaleuse. C’est purement et simplement de l’escroquerie »

D’autres marchands, craignant de perdre leur place au sein de la prestigieuse foire hollandaise ou suffisamment solides financièrement, ont payé les acomptes tandis qu’une poignée a signifié à la foire qu’ils voulaient bien être solidaires mais qu’ils ne payeraient pas au-delà des 13 500 € d’acompte en cas d’annulation.
 
Le CPGA a alerté ceux qui ne souhaitent pas se rétracter, qu’ils s’exposent à perdre la totalité de l’acompte, soit 13 500 €, si la Tefaf annule son édition 2022 le 15 décembre.  « Comment peut-on justifier qu’on prend près du double à quelqu’un qui attend 5 jours ! », s’est exclamé un marchand hors de lui.

Le comité a aussi attiré l’attention sur le cas où un exposant se rétracterait après le 15 décembre alors que la foire est maintenue. « Dans ce cas, l’ensemble des frais (general costs, prix du stand au m2…) resteraient dus à la Tefaf ». Si cela devait se produire, « ce serait plus de 40 000 € qui partiraient en fumée pour moi », fulmine un participant.

Dernier cas de figure : que se passerait-il si la foire était maintenue mais qu’elle est contrainte d’annuler entre le 15 décembre et le 6 mars suite à une décision du gouvernement hollandais pour raison sanitaire ? Pour le CPGA, les « implications financières » évoquées par le message de la Tefaf restent floues et il aimerait obtenir des explications.

Pourquoi la Tefaf n’attend-elle pas le 15 décembre avant de réclamer le paiement des acomptes pour un événement qui pourrait être annulé ? La réponse est simple : depuis presque deux ans, la Fondation qui gère la manifestation n’a pas encaissé d’argent. « Le problème est que seuls les exposants supportent le risque de l’annulation. Pas Stabilo (qui monte les stands et coûte une fortune), ni le MECC (Maastricht Exhibition & Conference Centre) - le loueur de la salle d’exposition… », indique un marchand.

NOTE DU JOURNALDESARTS.FR

(*) Depuis la rédaction de cet article, la Tefaf a annoncé, le 15 décembre, qu’« en raison des inquiétudes croissantes liées à la volatilité mondiale du Covid-19 », sa 35e édition était annulée. Un report est à l’étude.

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque