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ENTRETIEN

Arthur de Villepin ouvre une galerie à Hong Kong

« Tout au long de mon enfance, les amis du dimanche étaient souvent des artistes… »

Par Alexia Lanta Maestrati · Le Journal des Arts

Le 8 mars 2020 - 743 mots

HONG KONG / CHINE

Collectionneurs aguerris et passionnés, Arthur de Villepin et son père, l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, ouvrent la galerie d’art Villepin à Hong Kong, le 13 mars. Une première pour le duo qui démarre cette aventure alors que l’ancienne colonie britannique traverse une période difficile.

Arthur et Dominique de Villepin. © Photo Sophie Palmier.
Arthur et Dominique de Villepin.
© Photo Sophie Palmier.
Vous semblez avoir choisi un moment peu propice, entre les tensions politiques et le coronavirus [qui a contraint Art Basel Hong Kong d’annuler sa prochaine édition en mars]. Maintenez-vous l’ouverture de votre galerie à la date prévue ?

Nous lançons tout de même la galerie. Certes, nous aurions pu tomber à un meilleur moment, et cela rend les choses plus compliquées, mais il s’agit d’un projet de vie, donc peu importe le moment, cela nous met dans les cordes.

Votre parcours ne vous prédestinait pas à ouvrir votre propre galerie d’art, comment est né le projet ?

Je n’ai pas suivi d’études en histoire de l’art, mais je me suis toujours trouvé dans ce milieu. Ma mère et ma sœur sont artistes et mon père collectionne depuis très longtemps. Tout au long de mon enfance, les amis du dimanche étaient souvent des artistes tels que Miquel Barceló, Pierre Soulages, Zao Wou-Ki, ou Anselm Kiefer. Le projet m’est donc venu naturellement.

Comment allez-vous travailler avec votre père, Dominique de Villepin ?

Il ne se voyait pas ouvrir de galerie ; il m’accompagne dans le projet et le porte avec moi. C’est une chance de travailler avec sa famille et nous avons déjà collaboré dans le développement d’entreprises chinoises à l’international.

Concernant la galerie, nous avons des fonctions complémentaires. Je m’occupe de l’opérationnel, de la gestion et du développement de la galerie au quotidien. Lui, ce qu’il aime, c’est la recherche, l’écriture, et penser stratégiquement les expositions en lien avec les artistes. Rien ne changera pour lui, il reste en France, mais comme toujours voyagera beaucoup.

Pourquoi choisir de vous implanter à Hong Kong ?

Cela fait dix ans que je suis installé là-bas, j’y ai mené d’autres projets avant. Le premier était tourné vers l’art et le vin. J’ai ensuite repris une galerie d’art, YellowKorner, pour la développer entre Hong Kong et la Chine continentale.

Lors de mon arrivée en 2008, j’ai constaté la différence avec la France, et ce que j’ai pu y découvrir pendant mon enfance. À Paris, les musées sont fantastiques ; en Asie, nous n’avons pas encore la chance d’avoir ce niveau d’exposition muséale, et à Hong Kong, l’art est vraiment perçu sous un angle « marché ». Très vite l’idée de créer quelque chose autour de l’art m’est apparue, mais j’avais besoin d’expérience et d’une bonne compréhension du marché de l’art, que j’ai développée maintenant.

Quelle est la ligne directrice que vous souhaitez donner à ce lieu ? Le modèle semble s’éloigner d’une galerie traditionnelle…

Tout à fait, il s’agit moins d’un business que d’une démarche de passionnés souhaitant partager une collection et les artistes dont nous sommes amoureux. L’espace, sur trois étages, est assez intimiste. Nous voulons recréer l’esprit maison, nous allons le meubler et y ajouter des moulures aux plafonds. L’enjeu est avant tout d’offrir un écrin pour les œuvres.

Nos expositions ne dureront pas trois mois comme le font généralement les galeries, mais six, pour nous permettre de proposer tous les mois des conversations et d’y conférer une relation différente entre artistes, collectionneurs et fondations. Il ne s’agit pas d’un espace uniquement consacré à la vente, d’ailleurs pour l’instant nous n’ambitionnons pas de participer aux foires.

Quels artistes allez-vous montrer ?

La première exposition sera consacrée à Zao Wou-Ki, avec qui nous avions une vraie relation. Nous avons travaillé directement avec son épouse. Cette exposition va dans le sens du message que l’on souhaite diffuser : un pont entre l’Ouest et l’Est.

En septembre, notre deuxième exposition tournera autour de la deuxième école de Paris, où seront montrés entre autres Nicolas de Staël et Hans Hartung. Nous ne souhaitons pas nous limiter, l’idée étant d’être très ouverts et très libres pour laisser la place à des projets de commissariats d’expositions, de collaborations avec d’autres galeries, etc.

La galerie devient votre seule activité ? Vous êtes-vous entouré de personnes issues du marché ?

J’ai toujours une équipe qui gère les autres activités [de son entreprise Art de Vivre Group], mais la galerie devient le cœur de mon projet d’entreprise et de vie. En ce qui concerne la partie marché, nous avons recruté une collaboratrice qui était chez Christie’s, puis à la Galerie Massimo De Carlo à Hong Kong ; elle travaillera sur la partie vente.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°540 du 28 février 2020, avec le titre suivant : Arthur de Villepin, galeriste : « Tout au long de mon enfance, les amis du dimanche étaient souvent des artistes… »

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