Faussaires allemands : un nouveau suspect mis en détention provisoire

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 13 décembre 2010 - 846 mots

PARIS [13.12.10] - Alors qu’un nouveau protagoniste de l’affaire des faussaires allemands vient d’être mis en détention provisoire et que la police française enquête activement sur le volet français du trafic, la maison de vente Lempertz établie à Cologne nous a indiqué avoir remboursé ses clients lésés.

Un nouveau suspect dans l’affaire des faux tableaux écoulés et peut-être fabriqués par un trio allemand, auprès de grandes galeries parisiennes et de maisons de ventes internationales, vient d’être mis en détention provisoire. Le procureur de la République allemande n’a pas révélé son identité, mais il s’agit probablement d’Otto Schulte-Kellinghaus de Krefeld, qui aurait mis sur le marché des tableaux provenant, dit-il, de « l'héritage de son grand-père » avec une étiquette « Sammlung Knops ». Comme dans l’affaire des soeurs Beltracchi, les tableaux auraient été acquis auprès de la galerie Alfred Flechtheim dans les années 1920 et cachés pendant la guerre. Sa détention provisoire peut durer six mois, selon la loi allemande.

Deux sœurs, Helene et Jeannette Beltracchi, ainsi que le mari d’Hélène, seraient au cœur de cette affaire de faux tableaux, mis sur le marché comme étant la prétendue collection de leur grand-père, Werner Jägers. Les trois personnes ont été mises en détention provisoire depuis la fin du mois d'août à Cologne. Jeannette Beltracchi a cependant quitté la prison tout récemment contre le paiement d'une caution qu'on imagine substantielle.

Lempertz rembourse ses clients
La maison de vente allemande Lempertz de Cologne, qui a, selon son site internet (www.lempertz.com) vendu sept tableaux, dont quatre sont probablement faux, avec la provenance « Flechtheim, Jägers ou Knops » nous a indiqué qu'elle a récemment dédommagé ses clients lésés, ayant obtenu préalablement le retrait de la plainte déposée par ces clients contre elle. Le propriétaire de la galerie suisse Henze & Ketterer, Werner Henze, confirme qu'il a effectivement bénéficié du remboursement de la commission acheteur concernant le tableau de Max Pechstein, « Liegender weiblicher Akt mit Katze » (Nue allongée avec chat) que Henze & Ketterer avait acquis chez Lempertz le 26 novembre 2003 pour 498 000 euro frais inclus, et revendu à un collectionneur allemand l'année suivante. Le tableau, comme d'autres de la même source, a été confisqué entre temps par les autorités allemandes. Henrik Hanstein, commissaire-priseur et propriétaire de Lempertz, rappelle que la description du catalogue de vente mentionnait une expertise orale du fils du peintre (mort depuis) reconnu comme la meilleure référence en la matière à l'époque. Une attestation que plusieurs personnes, dont l'acheteur et son avocat, ont trouvé insuffisante. Ils ont demandé une expertise écrite. L‘expert de Max Pechstein, Aya Soika, avait constaté en juin 2010, que deux tableaux de Pechstein vendus chez Lempertz, étaient des faux.

Selon Henrik Hanstein, d'autres acheteurs auraient également été remboursés. Mais ni la galerie Artvera's de Genève, ni son client, le groupement ukrainien Trasteco Ltd. situé à Malte, qui a acheté chez lui un tableau d’Heinrich Campendonk, « Rotes Bild mit Pferden » (Tableaux rouge avec chevaux) au prix record de 2,9 millions d'euro (frais compris) ne l’ont été. La description du catalogue de vente du 29 novembre 2006, ne mentionne pourtant aucune expertise. « Notre acheteur, précise Henrik Hanstein, a été un expert parisien, qui a demandé par la suite d'établir la facture au nom de la Trasteco Ltd. Celle-ci a des liens étroits avec la galerie Artvera's ». Rappelons que l'entreprise Trasteco Ltd., conseillée par la galerie genevoise Artvera's, a demandé une expertise écrite après la vente. Les analyses chimiques mettent en question l'authenticité du tableau. Trasteco Ltd. a demandé le remboursement de la somme payée par elle et a porté plainte contre X.

Le volet parisien de l’affaire
Par ailleurs, on apprend par le procureur de la République allemande, que la police française, mandatée officiellement par la justice allemande, enquête très activement en France. Une information qu'un expert consulté nous a confirmée. Parmi les 44 tableaux qui sont listés comme des faux probables à l'heure actuelle, une partie importante a été négociée par des galeries parisiennes. La participation de la galerie Cazeau-Beraudière, devenue Galerie Beraudière à Genève, après la mort de l'associé, semble significative, avec au moins cinq tableaux proposés. Dont le Max Ernst, « Forêt » daté 1927, au format 97,5 x 131,5 cm, et que Jacques de la Beraudière présentait à la Biennale des Antiquaires à Paris en 2006 pour six millions d'euro.

Christie’s et Sotheby’s
La maison de vente Christie's, interrogée pour savoir si elle allait suivre l'exemple de Lempertz et rembourser ses clients lésés, a fait savoir qu'elle « prend la notion d'authenticité très au sérieux, et qu'elle est en contact constant avec tous les parties appropriées ». Ses « garanties standards » prévoient le remboursement de la totalité du « premium price » pendant cinq ans. « Mais il est trop tôt pour mettre en œuvre cette disposition tant que les investigations ne sont pas complètes » ajoute la maison de vente de François Pinault.

Sotheby's quant à elle indique qu’elle continue son enquête pour déterminer si le tableau de Max Ernst vendu en New York en octobre 2009 est authentique ou pas.

L’enquête n’est est qu’à son début.

Légende Photo

Max Pechstein, « Liegender weiblicher Akt mit Katze » (Nue allongée avec chat)

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