Livre

LITTÉRATURE

Tolkien, écrivain-géographe

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 11 février 2020 - 442 mots

PARIS

L’exposition de la BNF emmène le visiteur en voyage dans les contrées mythiques imaginées par l’écrivain anglais.

Qui est le personnage principal du Seigneur des anneaux ? Frodon, le hobbit porteur de l’anneau ? Ou bien son compère, Sam, modèle de courage ? À moins que Gandalf, le mage, soit le vrai héros de la trilogie. À cette question qui déchire les fans de J.R.R. Tolkien, la Bibliothèque nationale de France apporte une réponse qui aurait sûrement été celle de l’auteur lui-même : la Terre du milieu, continent imaginaire, à la fois théâtre du drame, matrice et principal protagoniste.

L’exposition s’organise selon cette géographie rêvée. Chaque salle est consacrée à une partie de ce continent qui, pour Tolkien, était une évocation de la vieille Europe pré-industrielle. Comme les hobbits dans Le Seigneur des anneaux, le visiteur entame son voyage dans leur contrée, le Comté, territoire bucolique et accueillant. Suivant les déplacements de Frodon et de ses comparses, on pénètre les royaumes elfiques, puis le Rohan, le Gondor, où règnent les hommes, avant d’entrer dans les provinces sombres où le drame s’épaissit. Les manuscrits de l’auteur servent à présenter chacun de ces lieux. Mais le voyage est surtout visuel, grâce à Tolkien lui-même, qui a largement illustré et documenté la géographie de la Terre du milieu. Aquarelles, cartes, croquis transforment le paysage de mots en une image mentale. Le continent mythique s’illustre aussi grâce au parti pris éclairé des commissaires de l’exposition : puiser dans les fonds de la BNF, mais aussi ceux du Musée d’Orsay, du Museum d’histoire naturelle ou du Musée de l’armée pour donner corps à cette terre.

Une sélection très cohérente d’objets, de peintures et de gravures venue de notre monde vient documenter celui de Tolkien : des cartes médiévales, des beatus espagnols, des armes chinoises. Les œuvres de Gustave Doré, du préraphaélite Edward Burne-Jones et de l’illustrateur finlandais Theodor Kittelsen rythment ce parcours de bout en bout, s’amalgamant parfaitement à l’univers de Tolkien.

Hommage rendu à l’Angleterre

Le visiteur voyage ainsi jusqu’au Mordor, la terre du mage noir Sauron, qui selon Tolkien « a une dette envers le nord de la France après la bataille de la Somme ». Pour les aventuriers du Seigneur des anneaux, c’est la fin de l’équipée. Mais, pour le visiteur, il reste encore un lieu à découvrir : Oxford, dans les années 1930. L’endroit où un professeur de littérature et de philologie a, un jour, griffonné au dos d’une copie d’étudiant « Au fond d’un trou vivait un hobbit ». Dans cette fin d’exposition, se comprend alors l’attachement de Tolkien pour une terre bien réelle, l’Angleterre, à laquelle il voulait donner le récit mythologique qui lui manquait.

Tolkien, voyage en Terre du milieu,
jusqu’au 16 février, BNF, Quai François-Mauriac, 75013 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°538 du 31 janvier 2020, avec le titre suivant : Tolkien, écrivain-géographe

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