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Paris-13e

Tolkien : au commencement était le Verbe

Bibliothèque François-Mitterrand - Jusqu’au 16 février 2020

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 17 décembre 2019 - 343 mots

Quoi, la Terre du Milieu existe vraiment ? D’un coup, on se prend à rêver. Sous nos yeux, parmi les quelque 300 pièces réunies par la Bibliothèque nationale de France pour son exposition « Tolkien ».

Voyage en Terre du Milieu », les premières cartes des territoires où évolueront Hobbits, elfes, nains, Orques ou humains du Seigneur des anneaux. « J’ai commencé, avec sagesse, par une carte, à laquelle j’ai subordonné l’histoire (globalement en apportant une attention minutieuse aux distances). Faire l’inverse est source de confusion et de contradictions », confiait Tolkien dans une lettre de 1954. L’exposition plonge le visiteur au cœur de la création de ce brillant professeur de langue et de littérature médiévale anglo-saxonne d’Oxford, qui deviendra l’une des plus grandes figures littéraires du XXe siècle. À travers ses manuscrits calligraphiés, ses dessins des paysages (forêts, montagnes, lacs) qui servent de cadre à ses romans, ou encore des documents cités au fil de son récit, mais réellement fabriqués par Tolkien (comme le Livre de Mazarbul, que lit Gandalf à la Communauté de l’Anneau, dont l’écrivain espérait insérer trois pages de fac-similés dans son roman), se déploie sous nos yeux l’univers qu’il a créé. Ces témoignages de la création d’un monde nous emportent dans une épopée homérique, peuplée de créatures étranges dont on croit soudain qu’elles ont existé, parlant des langues étranges qui semblent presque réelles – le philologue Tolkien en inventa une cinquantaine depuis l’âge de 13 ou 14 ans, dont deux possédant même une grammaire ! On prend ainsi conscience du virage opéré par Tolkien dans l’histoire de la fantasy, genre littéraire voisin de la science-fiction, qui se déroule dans un passé fantasmé évoquant souvent le Moyen Âge. En donnant à son univers un passé, une géographie, des paysages et des langues, il lui confère vraisemblance et historicité. On s’en délecte d’autant plus que l’exposition donne à voir et à comprendre les sources historiques, littéraires et artistiques de Tolkien, car, à travers son œuvre, l’écrivain ne s’est pas contenté d’inventer un monde différent du nôtre : au contraire, il s’en nourrit et le révèle.

« Tolkien. Voyage en Terre du Milieu »,
Bibliothèque nationale François-Mitterrand, quai François-Mauriac, Paris-13e, www.bnf.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Tolkien : au commencement était le Verbe

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