Architecture

Francis Kéré prend racine à la galerie Serpentine

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2017 - 443 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

L’architecte burkinabé déploie les ramures de sa construction dans les jardins de Kensington comme une invitation à communier avec la nature et l’environnement.

Londres. Depuis l’an 2000 et l’inauguration du premier Pavillon d’été que commandite, chaque année, la Serpentine Gallery, à un maître d’œuvre n’ayant pas encore construit sur le sol britannique, un continent pourtant fort actif en la matière avait étrangement été négligé : l’Afrique. L’oubli est (enfin) réparé avec l’opus 2017, la 17e édition accueillant l’œuvre de Diébédo Francis Kéré, 52 ans. Après des figures tels Frank Gehry, Zaha Hadid, Alvaro Siza ou Sou Fujimoto, c’est donc au tour de l’architecte originaire du Burkina Faso, mais installé à Berlin depuis 2005, de déployer un projet à la fois détonnant et néanmoins en phase avec les préoccupations écologistes du moment.
 

Une architecture engagée et écologique faite de matériaux traditionnels

Planté en plein cœur de Kensington Gardens, devant le célèbre centre d’art londonien, personne ne peut le manquer. La raison ? Ses parois bleu indigo et son imposant toit inversé. « Cette structure représente un grand arbre, tels les fameux arbres à palabres que l’on trouve partout en Afrique, explique Francis Kéré. Je souhaitais créer un lieu dans lequel les gens puissent se rencontrer. Un abri ouvert, non qui vous enferme. » De fait, l’accès s’effectue par quatre entrées différentes. Empreinte au sol du Pavillon : 330 m2. Les murs détonants, inspirés par « la couleur des boubous dont se parent les hommes en passe de se marier », sont constitués de multiples superpositions de modules en bois. « J’utilise ce matériau traditionnel selon les techniques de parements de la brique, souligne Kéré. Grâce à une suite de décalages, ils génèrent des motifs triangulaires. » De loin, on dirait presque un textile. « Je ne voulais pas user du bois juste pour son aspect visuel, mais aussi pour sa sensualité », précise l’architecte. Supporté par une fine structure métallique, le toit, translucide, laisse amplement pénétrer la lumière naturelle et ménage, en son centre, une sorte d’entonnoir en polycarbonate qui, lorsqu’il pleut abondamment, peut aller jusqu’à provoquer « un effet de cascade ». « L’eau est aujourd’hui une ressource primordiale et au Burkina Faso, on sait son importance, avance Francis Kéré. Ici, à Londres, j’ai proposé de recueillir cette eau. Grâce à un drainage spécial, elle est redistribuée à l’intérieur du parc. » Le toit est, en outre, décollé des murs, ce qui permet de générer une aération spontanée, caractéristique majeure présente dans moult projets de Kéré. « J’ai voulu montrer que l’on pouvait, en Europe également, utiliser la technique de la ventilation naturelle pour imaginer des bâtiments qui soient à la fois ouverts et protégés », indique-t-il. Son Pavillon d’été est visible jusqu’au 8 octobre.

 

Légende photo

Le Pavillon 2017, architecte : Francis Kéré, Serpentine Gallery, Londres, photo : Iwan Baan

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°484 du 8 septembre 2017, avec le titre suivant : Francis Kéré prend racine à la galerie Serpentine

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