Environnement - Photographie

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Fonte des glaciers, la preuve par l’art

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 18 juin 2025 - 504 mots

Au Bicolore, les œuvres de Klaus Thymann et de Peter Funch témoignent, photos d’archives à l’appui, du changement climatique.

Paris. Lorsque Klaus Thymann fonde en 2008 « Project Pressure », organisation caritative à vocation écologique et climatique, le photographe et scientifique danois entend sensibiliser et mobiliser, par l’art et la science, aux changements climatiques et à leurs conséquences. Le trentenaire à l’époque a déjà mené différentes expéditions de par le monde pour étudier notamment la disparition des glaciers. Ses photographies, récompensées par plusieurs prix, ont intégré des collections de musées. Depuis, il est devenu membre de la Royal Geographical Society en Grande-Bretagne et fait partie de la liste des experts de l’Unesco pour les sciences océaniques au service du développement durable.

Par ailleurs, dans le cadre de Project Pressure, des projets d’expéditions ont réuni artistes et scientifiques sur des questions écologiques et climatiques, projets pour la première fois exposés ensemble en 2019 sous le titre de « Meltdown » (fusion) au Musée d’histoire naturelle de Vienne, en Autriche. L’exposition itinérante réunissait entre autres les travaux de Noémie Goudal, Edward Burtynsky, Adam Broomberg et Oliver Chanarin, Peter Funch et Klaus Thymann.

Au Bicolore, Project Pressure propose une exposition intitulée « Double Miroir ». Elle s’inscrit dans la lignée de « Meltdown », mais est conçue à l’échelle des espaces de la plateforme culturelle d’art contemporain de la Maison du Danemark à Paris, et se concentre sur deux récits mis en regard : « The Imperfect Atlas » de Funch et « East Greenland Transect » de Thymann. Ces deux projets portent sur le recul des glaciers – le premier aux États-Unis, l’autre au Groenland – et ont en commun le recours à l’archive. L’« Atlas imparfait » de Funch associe ainsi des cartes postales et images anciennes du mont Baker (3 280 m) et du mont Rainier (4 392 m) issues des collections de l’Université de l’État de Washington et des photographies grand format des deux volcans étasuniens, réalisées au même endroit quelques décennies plus tard. La trichromie, procédé ancien qu’il revisite, génère une superposition floutée des couleurs et une distorsion de l’image, « métaphore de l’évolution du paysage » pour le photographe danois ainsi que des villes qui se sont développées au pied de ces deux volcans.

Cette distorsion tranche avec la netteté et la lumière vive des photographies de Thymann sur la côte sud-est du Groenland. Ces photos sont construites à partir des images du levé topographique effectué en 1933 par l’explorateur groenlandais Knud Rasmussen dans le cadre de sa 7e expédition menée à partir de Thulé, sur la côte ouest. À partir de ces clichés noir et blanc ressortis et étudiés par l’équipe de Project Pressure pour identifier les points précis de ces prises de vue anciennes, Klaus Thymann a refait de nouvelles images des glaciers de cette région. Pour l’exposition parisienne, le photographe en a tiré 8 en grand format. Leur juxtaposition avec celles réalisées au même endroit, près de cent ans plus tôt, témoigne du recul des glaciers et de l’évolution de ces paysages de glace, de neige et de roche, objet de nouvelles convoitises. Glaçant.

Double Miroir, une double exposition de Klaus Thymann et Peter Funch,
jusqu’au 31 juillet, Le Bicolore – Maison du Danemark, 142, avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°657 du 6 juin 2025, avec le titre suivant : Fonte des glaciers, la preuve par l’art

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