Art contemporain

Documenta 13 - 5 raisons d'aller à Cassel

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 26 juin 2012 - 713 mots

VENISE / ITALIE

Confiée à un commissaire général qui en choisit le thème et sélectionne les artistes, la Documenta rassemble plus de cent artistes et s’offre à voir comme un état des lieux de la création artistique à l’échelle de la planète.

1- Un grand rendez-vous international
Avec la Biennale de Venise, elle est l’une des deux plus importantes manifestations périodiques totalement dévolues à l’art contemporain. Autant dire que la Documenta est incontournable, l’une de ces grand-messes à laquelle tout professionnel ou amateur se doit d’assister. Pour les artistes en quête de renommée, elle constitue un passage espéré et rien n’est plus flatteur que de pouvoir mentionner leur participation sur leur curriculum vitae. Créée en 1955, elle se tient tous les cinq ans à Cassel, en Allemagne, se déploie sur la ville et en occupe les différents sites muséaux : le Fridericianum (ci-dessous), la Neue Galerie, la Documenta Halle, l’Orangerie et le Château.

2 - Des expositions d'anthologie
À la différence de la Biennale de Venise, la Documenta de Cassel, de soixante ans sa cadette, fonctionne sur un mode curatorial qui repose sur les épaules d’un seul et unique individu, auquel l’équipe dirigeante permanente confie la mission de constituer une exposition autour d’un thème fédérateur. Il lui revient donc la lourde charge de penser une manifestation tant en écho aux préoccupations d’actualité de la scène artistique qu’en prévision de ce qui l’anime prospectivement. Historiquement, la Documenta 5, organisée par Harald Szeemann en 1972, demeure la version de référence pour ce que ce dernier avait eu de visionnaire en rassemblant tout ce que devaient compter les avant-gardes des années 1970.

3 - Une femme commissaire
Nommée à la direction artistique de Documenta 13 en novembre 2011, Carolyn Christov-Bakargiev n’est pas la première à occuper cette fonction. Avant elle, en 1997, Catherine David, alors directrice de la Galerie nationale du Jeu de Paume, s’y était frottée. Spécialiste des relations entre art et littérature, Carolyn Christov-Bakargiev a tout d’abord mené une carrière de commissaire et de critique d’art indépendante avant d’occuper le poste de conservateur en chef du Castello di Rivoli. Si elle a organisé d’importantes expositions comme « La ville, le jardin, la mémoire » à la Villa Médicis ou les rétrospectives de Janet Cardiff et de William Kentridge, elle a aussi travaillé sur l’arte povera, Alberto Burri ou Francis Alÿs. Co-commissaire de la première Triennale de Turin en 2005, de la Biennale de Sydney en 2008 et membre du jury international de la Biennale de Venise, Carolyn Christov-Bakargiev est parfaitement rodée à l’exercice de ce genre de manifestation.

4 - Un thème engagé
Carolyn Christov-Bakargiev a choisi d’aborder la question de l’émancipation de l’art. La commissaire a donc annoncé que Documenta 13 trouverait sa place dans le concert des problématiques à l’ordre du jour international. Les questions de la critique du capitalisme et de « la croyance persistante en une croissance économique » y sont ainsi mises sur le tapis, non sur le mode d’une approche globalisante. Dans cette perspective, la commissaire a choisi de ne pas se contenter de présenter un simple éventail d’œuvres mais d’adosser à sa réflexion des projets basés sur l’archivage, la recherche et « des expériences relevant des domaines artistique, politique, littéraire, philosophique et scientifique ». Le ton est donc donné : Documenta 13 se veut une manifestation engagée, pleinement inscrite dans le présent.

5 - Des artistes à découvrir
Quelque 150 artistes représentant 55 pays ont été invités à participer à la 13e édition de Documenta. Un nombre tout à fait raisonnable pour ce genre de manifestation, compte tenu de la diversité des lieux occupés. La liste des invités n’est absolument pas convenue et les découvertes s’annoncent assez nombreuses avec des artistes comme William Kentridge, Lawrence Weiner, Ida Applebroog, Rosemarie Trockel ou Giuseppe Penone. Ce dernier a bénéficié d’une forme d’avant-première exceptionnelle puisque son œuvre (Ideas of Stone, un arbre de 13 m de haut au cœur duquel a été placée une énorme pierre, comme un défi à toutes les lois de la nature) a été installée dès juin 2010. Bien que toutes les pratiques artistiques y soient représentées, le mode de l’installation y est prégnant pour ce qu’il est une forme d’expression dominante de la création artistique contemporaine. Question d’époque.

« Documenta 13 », jusqu’au 16 septembre 2012. Cassel (Allemagne). Ouvert tous les jours de 10 h à 20 h. http://d13.documenta.de

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Documenta”‰13 - 5 raisons d'aller à Cassel

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