Corto Maltese, l’aventurier

Celle de Corto Maltese, immédiatement reconnaissable à son caban sombre, ses favoris et sa casquette de marin. La Saline royale, chef-d’œuvre architectural du XVIIIe siècle, rend ici hommage à la créativité d’Hugo Pratt (1925-1995), grand nom de la bande dessinée, disparu il y a tout juste trente ans. Fervent cinéphile, l’auteur italien maniait son crayon à la manière d’une caméra : gros plans, mouvements graphiques, contrastes audacieux… Il puisait son inspiration dans l’art, les livres, et même dans les petites vignettes d’uniformes qui ornaient les paquets de cigarettes et qu’il collectionnait précieusement, enfant. Une affiche promotionnelle de 1967 documente la première apparition du célèbre marin, d’abord personnage secondaire d’une revue mensuelle avant de devenir le héros de sa propre histoire. Le premier album de Corto Maltese, La Ballade de la mer salée, marque alors le début d’une série de palpitantes aventures aux quatre coins du monde. Planches originales en noir et blanc, aquarelles colorées et dessins au feutre reflètent toute l’inventivité d’Hugo Pratt, lui-même féru de voyage. Au fil des pages, Corto Maltese sillonne les océans, parcourt les continents. Références grecques, dessins aztèques, femmes guerrières, hommes-araignées s’entremêlent, faisant montre d’un goût pour la fantaisie, mais aussi d’un réel intérêt ethnologique. Mis en parallèle avec les albums, une maquette de pirogue, un coquillage géant ou encore un bouclier massaï soulignent la précision du dessin de Pratt. Un voyage aussi bien littéraire que littéral !