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XXIE SIÈCLE / VISITE GUIDÉE

Biennale d’Helsinki : nouvelle étoile du Nord

Grâce à une sélection artistique soignée, largement exposée à ciel ouvert sur l’île de Vallisaari, la jeune biennale finlandaise imprime sa marque.

Helsinki. Pour sa troisième édition, la Biennale d’Helsinki réunit 37 artistes et collectifs : des stars internationales, comme Yayoi Kusama, et des talents venus d’Europe du Nord et d’ailleurs. Parmi les artistes les plus établis, on retrouve également Giuseppe Penone, Ernesto Neto et Ólafur Elíasson, qui ont tous trois créé des installations en extérieur. Elíasson a ainsi créé deux œuvres dont Long Daylight Pavilion (Pavillon de la longue lumière du jour), une installation lumineuse monumentale et permanente, qui suit le mouvement du soleil au fil des saisons selon la latitude d’Helsinki. Strandings (Échouages, 2025), série de sculptures de Sara Bjarland, moulages en bronze de bouées en forme de dauphins et de tortues, gisant à moitié dégonflées sur les berges rocheuses de Vallisaari, restera également à Helsinki après la Biennale, un choix intéressant pour pérenniser son héritage. Bjarland n’est pas la seule révélation nordique : Tidal Tears (Larmes de marée, 2025), installation immersive, visuelle et sonore d’Hans Rosenström est particulièrement réussie. Lovée dans une petite clairière de l’île, elle invite les visiteurs à circumambuler autour de totems formés par des arbres pétrifiés, animés par le ruissellement de fontaines et par des chœurs diffusés à travers les feuillages. Le tout magnifie l’expérience artistique en une communion avec la nature et ses éléments.

L’art face à la nature et à l’avenir

La Biennale explore ainsi les relations de l’homme avec la nature et les autres êtres vivants. Intitulée « Shelter (Abri) », elle a été conçue par Blanca de la Torre, nouvelle directrice de l’Institut Valencià d’Art Modern (IVAM), et Kati Kivinen, conservatrice au Helsinki Art Museum (HAM). Ce dernier constitue l’un des trois sites de la manifestation, avec l’Esplanade, coulée verte au cœur de la capitale, et l’île de Vallisaari, accessible en vingt minutes de bateau depuis le centre-ville. L’inclusion de cette île confère à la Biennale une légitimité accrue pour aborder l’écologie d’un point de vue artistique. Inhabitée depuis 1996 et fermée au public jusqu’en 2016, la nature y a repris ses droits. Ancien site militaire doté de nombreuses fortifications et d’aires de stockage d’armement, Vallisaari symbolise également, à sa manière, le passage du hard au soft power. Soucieuses de l’ancrage écologique de la Biennale, les deux commissaires ont veillé à limiter son empreinte carbone et à préserver le biotope des espèces locales, tout en développant une approche optimiste des enjeux écologiques, misant sur le pouvoir salvateur de l’art pour envisager un avenir meilleur. Elles se sont ainsi démarquées d’une lecture géopolitique que le thème aurait pu intégrer, d’autant que la frontière russo-finlandaise se trouve à seulement 200 km d’Helsinki. Ce contrepoint à l’éco-anxiété et au pessimisme ambiants souligne, en filigrane, que la Finlande figure régulièrement en tête du classement des pays les plus heureux au monde.

Avec plus de 300 biennales recensées dans le monde, dont 136 en Europe, il est indéniablement difficile de se démarquer. La réussite de la Biennale d’Helsinki est donc remarquable : en seulement trois éditions, elle parvient à éclipser partiellement ses aînées nordiques – Triennale Baltique, Biennale de Kaunas, Biennale internationale d’art contemporain de Göteborg (GIBCA), Momentum, entre autres. Pour ce faire, elle bénéficie de fortes synergies avec les autres institutions artistiques de la capitale (Kiasma, Ateneum et Amos Rex en particulier), qui ont travaillé de concert avec le Helsinki Art Museum, organisateur principal de l’événement. Outre l’image positive de la Finlande à l’international (paysages naturels, patrie du sauna, innovation en design et en architecture, pionnière en développement durable et en pédagogie), Helsinki profite également de sa position stratégique au carrefour des pays scandinaves, baltes et slaves. Cette situation avait d’ailleurs retenu l’attention du Guggenheim, dont un projet d’implantation dans la ville fut à l’étude entre 2011 et 2016.

Biennale d’Helsinki,
jusqu’au 21 septembre, île de Vallisaari, Helsinki, Finlande.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Biennale d’Helsinki : nouvelle étoile du Nord

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