Finlande - Architecture

L’édifice de l’esprit

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 21 janvier 2019 - 428 mots

HELSINKI / FINLANDE

Helsinki -  La Finlande peut se targuer d’avoir une solide expertise dans un rayon précis : les bibliothèques.

Le maître Alvar Aalto en a, à lui seul, dessiné une vingtaine, publiques comme privées, depuis celle de Viipuri – aujourd’hui Vyborg, en Russie –, édifiée entre 1927 et 1935, jusqu’à celle d’Alajärvi, construite en 1991 après sa mort. Lors de la Biennale d’architecture de Venise, l’an passé, le Pavillon finlandais, avec l’exposition « Mind Building » (« Architecture de l’esprit »), en arborait moult exemples éclairant notamment le rôle leader du pays dans l’invention de la bibliothèque du futur.Énième spécimen et non des moindres : la nouvelle bibliothèque centrale d’Helsinki, baptisée « Oodi » (« Ode »). Implanté dans un quartier stratégique, Töölönlahti, à deux pas du Kiasma Art Museum et non loin du parlement finlandais, ce nouvel « édifice de l’esprit » est un mastodonte de 17 250 m2, d’un coût de 98 millions d’euros. « Le concept spatial de cette bibliothèque est à l’image d’un pont habité, explique Antti Nousjoki, architecte et cofondateur de l’agence ALA Architects, auteur du projet. Une structure métallique sophistiquée composée de deux arcs massifs d’une portée supérieure à 100 m de long permet de libérer, au rez-de-chaussée et à l’étage supérieur, de vastes espaces entièrement libres de colonnes. » Résultat : trois niveaux très contrastés, érigés au-dessus d’un sous-sol logeant les différents espaces techniques, de maintenance ou de logistique.Au rez-de-chaussée, un vaste hall d’entrée dessert une série de salles singulières, inaugurant la nouvelle mission dévolue aux bibliothèques, entérinée en 2017 : promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie, la citoyenneté active, la démocratie et la liberté d’expression. On y trouve donc, entre autres : un cinéma, des studios d’enregistrement, des espaces d’exposition ou réservés aux événements communautaires et un lieu de création avec usage gratuit de machines à découpe laser et d’imprimantes 3D. Accueillant les gigantesques poutres de la structure-pont, l’étage intermédiaire est, lui, truffé de bureaux, salles et autres recoins de lecture intimistes. Enfin, à l’étage supérieur, entièrement habillé de parois vitrées, se déploie de part en part façon open space une paisible salle de lecture surnommée « Book Heaven » (« Ciel de livres »), tel un paysage mobilier surmonté d’un plafond blanc ondulé comme un nuage et percé de puits de lumière. Ici, le visiteur-lecteur a droit à un formidable panorama à 360° sur la ville et, depuis la terrasse, à une vue imprenable sur le parlement finlandais. La façade principale est, à elle seule, un exploit : des lattes d’épicéa de 33 millimètres d’épaisseur dessinent une myriade de courbes ondulantes, un habillage pour la première fois utilisé à une telle échelle dans un bâtiment.

À savoir
Auteur de la nouvelle bibliothèque centrale d’Helsinki, inaugurée le 5 décembre 2018, le cabinet finlandais ALA Architects a été fondé, en 2005, par Juho Grönholm, Antti Nousjoki et Samuli Woolston. Grâce à l’utilisation de la technologie, des services en ligne et d’une équipe de robots trieurs, au lieu des traditionnels stockages statiques, seulement un tiers de l’espace est consacré aux livres, soit 100 000 volumes.
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : L’édifice de l’esprit

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