Le photographe, pionnier de l’art pictural, s’est éteint le 3 décembre dernier à l’âge de 96 ans.
Denis Brihat, figure essentielle de la photographie artistique française, est décédé le 3 décembre 2024 à Bonnieux (Vaucluse), à l'âge de 96 ans. Installé dans le Luberon depuis 1958, il a développé une œuvre marquée par une recherche constante d’excellence technique et une exploration poétique de la nature. Ses « tableaux photographiques », réalisés grâce à des procédés expérimentaux en chambre noire, ont permis à la photographie de rivaliser avec la peinture.
Né le 16 septembre 1928 à Paris, Denis Brihat rejette rapidement les conventions scolaires, préférant un apprentissage sur le tas. Il commence par fréquenter brièvement l’école de photographie de la rue de Vaugirard avant de se tourner vers l'agence Rapho sous l'impulsion de Robert Doisneau. Il entreprend un voyage en Inde en 1955, dont il rapporte une série de photographies et obtient en 1957 le prix Niépce, qui consacre les jeunes talents de la photographie. Cependant, le reportage ne répond pas à ses aspirations : il quitte Paris pour s’installer dans un cabanon isolé, sans eau ni électricité, dans les environs de Bonnieux.
Dès la fin des années 1950, Denis Brihat se consacre à la photographie de nature morte, un genre qu’il réinvente en s’inspirant d’Edward Weston et des artistes du groupe Espace. Sa démarche vise à extraire la photographie du livre pour l’ériger en œuvre murale. En 1965, il expose au Musée des Arts Décoratifs de Paris des tirages qui mettent en lumière des détails minutieux de végétaux – oignons, citrons, coquelicots – sublimés par des procédés techniques complexes.
Pionnier des « tableaux photographiques », Brihat expérimente avec des formats uniques et des techniques innovantes, comme le mordançage et les virages à l’or ou au fer, qui confèrent à ses œuvres des teintes et des textures inédites. Son approche, à la croisée de la photographie et des arts plastiques, a influencé toute une génération de photographes.
En parallèle de son travail artistique, Denis Brihat s’investit dans la transmission de son savoir. Dès 1969, il organise des stages à Bonnieux, qui attirent de nombreux photographes désireux de se former à ses méthodes. Il participe également à la création des Rencontres d’Arles en 1970, contribuant à faire de cet événement un rendez-vous incontournable pour les professionnels de la photographie.
Malgré son rôle fondamental, Brihat reste en marge des institutions parisiennes pendant plusieurs décennies, pénalisé par son choix de vivre loin des centres urbains. Ce n’est qu’en 2019 qu’une rétrospective à la Bibliothèque nationale de France lui rend hommage, exposant une centaine de tirages qu’il a donnés à l’institution. Ce retour en lumière souligne son rôle de précurseur dans l’histoire de la photographie française.
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Denis Brihat (1928-2024)
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