Éloges de la nature

Patients et habités par la beauté de ce qu’elle offre, Michael Kenna, Denis Brihat, Éric Bourret et Flore le sont indéniablement chacun à sa manière. Leur réunion forme un élégant quatuor. La soixantaine d’arbres de Michael Kenna transforment la salle du porc-épic du château en un délicat cabinet de curiosités, tandis qu’une autre pièce révèle d’autres portraits d’arbres, dont celui inédit des deux cèdres monumentaux qui s’élèvent à l’entrée du château. Depuis 1973, soit depuis l’âge de 20 ans, Michael Kenna photographie les arbres de par le monde en toutes saisons et tire lui-même ces images. Chez Denis Brihat, l’éloge de la nature rime de son côté avec le soyeux d’une tulipe noire, la chair du kiwi, le galbe d’un ail ou encore le lichen d’une roche. Leur beauté est indissociable des procédés de tirage qu’il a revisités pour se rapprocher au plus près de leurs textures et couleurs. Changement d’atmosphère avec les grands formats picturaux de sous-bois d’Éric Bourret, reflet d’une accumulation d’images de forêts primaires réalisées au fil de ses marches en Asie ou en Afrique. Ceux des bords de la Loire, exposés pour la première fois, condensent d’autres motifs aboutissant à une picturalité différente, encore plus abstraite. L’âme d’un lieu chez Flore est ailleurs : il est dans ce qu’ont vécu ses grands-parents en Indochine, au même endroit où a grandi Marguerite Duras. De ce retour en ces terres est né un récit fictionnel à la troublante mélancolie renforcée au tirage par l’usage de procédés anciens.