Italie - Art contemporain - Biennale

Andres Serrano propose un pavillon Trump à la Biennale de Venise

Par Quentin Humblot · lejournaldesarts.fr

Le 31 juillet 2025 - 484 mots

VENISE / ITALIE

Le grand photographe américain Andres Serrano avait déjà organisé une exposition sur Donald Trump à New York en 2024. Il imagine pour la prochaine Biennale en 2026 un « mausolée Trump ».

Andres Serrano a officiellement proposé une exposition consacrée à Donald Trump pour représenter les États-Unis au pavillon américain de la Biennale de Venise 2026. À ce stade, sa sélection n’est pas acquise : le processus de candidature, exceptionnellement tardif et administrativement complexe cette année, reste en cours. La date limite de dépôt des dossiers a été fixée au 30 juillet 2025, pour une annonce officielle des résultats en septembre, à moins d’un an de l’ouverture de la Biennale prévue du 9 mai au 22 novembre 2026. Les critères de sélection récemment instaurés exigent que les projets présentés « promeuvent les valeurs américaines et favorisent le dialogue sur les défis mondiaux communs », marquant une orientation politique plus affirmée du dispositif d’État américain.

La proposition de Serrano se distingue par son ampleur et sa dimension archivistique. L’artiste ambitionne de transformer le pavillon néoclassique en un « mausolée Trump », installant une déclinaison spatiale de son projet « The Game: All Things Trump ». Ce corpus réunit plus de 1 000 objets acquis depuis 2019, dont des artefacts de la Trump Organization, produits de marque, memorabilia issus de campagnes présidentielles, fragments du gâteau de mariage Trump (acheté 1 880 $), objets publicitaires et même un diplôme de la Trump University. L’ensemble, évalué à plus de 200 000 $, vise à « documenter l’image que Trump a construite de lui-même depuis les années 1980 ». S’ajoute à cette installation la projection du film Insurrection (2022), long-métrage de 75 minutes sur l’attaque du Capitole, monté à partir de séquences publiées sur Parler et d’archives historiques américaines. Serrano voit dans ce projet : « un portrait du président réalisé avec ses propres pinceaux ».

Né à New York en 1950, d’origine hondurienne et afro-cubaine, Andres Serrano s’est imposé sur la scène internationale dès la fin des années 1980. Sa pratique photographique s’est construite autour de sujets controversés, abordant frontalement la religion (Immersion (Piss Christ), 1987), la mort (The Morgue, 1992), le sexe, ou plus récemment le racisme et la politique américaine. Serrano revendique une posture objective : « Je ne suis pas juge, seulement observateur. La politique s’insinue partout, même autour de la table de la cuisine ».

L’artiste a entamé son travail sur Trump par une première série de portraits, dans le cadre du projet « America » (2001-2004), avant de collectionner méthodiquement tout ce qui touche à l’univers du dirigeant américain. Une première installation de « The Game: All Things Trump » a été montrée à New York en 2019, puis l’ensemble a circulé en Europe. Ces dernières années, le projet a suscité débats et controverses, notamment lors d’une exposition à Groningen en 2024.

Donald Trump a donné des signes d’assentiment à la démarche de Serrano : en août 2024, l’ancien président a été photographié à Mar-a-Lago tenant le livre « The Game: All Things Trump » dédicacé par l’artiste « Au Président Donald Trump, Meilleurs vœux, Andres Serrano ».

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