Prép’Art entame sa fusion avec « L’École d’art »

Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il aura fallu attendre le jour de la rentrée pour que les quelque 200 étudiants inscrits à l’Atelier Prép’Art pour l’année scolaire 2025-2026 soient fixés sur l’avenir de leur formation. La célèbre école privée de préparation aux concours d’entrée dans les établissements supérieurs d’enseignement artistique, fondée en 1985 à Paris et implantée, encore récemment, à Toulouse et à Marseille, a en effet été placée en liquidation judiciaire début juillet par le tribunal de commerce de Paris.

Prép’Art n’a, semble-t-il, pas réussi à surmonter la crise sanitaire liée au Covid ainsi que les conséquences de plusieurs décisions hasardeuses, accumulant les déficits jusqu’à atteindre une dette de 1,7 million d’euros exigibles (dont près de 1 M€ à l’égard des actionnaires) pour un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros. Pourtant, tout va encore bien lorsque la holding Rockland, détenue en partie par Frédéric Lalande et Clément Derock, rachète en 2018 l’école à son fondateur Jacques Frezal. Prép’Art est alors avec l’Atelier de Sèvres et Penninghen dans le trio de tête des écoles préparatoires privées. Des synergies sont envisagées avec Intuit Lab, une école de design appartenant à Rockland. « Contrairement aux écoles d’art qui gardent leurs étudiants pendant plusieurs années, sécurisant ainsi leurs recettes, les classes prépa sont obligées de repartir quasiment à zéro chaque année », explique Frédéric Lalande, qui était le directeur général de Prép’Art jusqu’en janvier 2024, date de son départ plus ou moins forcé du groupe. Car la situation économique s’est tellement dégradée que Rockland a préféré demander la liquidation de l’école plutôt que tenter de la redresser.

Si l’ancienne directrice du campus parisien de Prép’Art, Julie Berthelon, s’attendait à ce que le liquidateur retienne l’offre de reprise de Jacques Frezal, c’est finalement Esther Finance, présidée par Pierre Doize depuis sa création en 2007, qui a été choisie par le tribunal. La société n’a pas souhaité communiquer le montant de la reprise. Depuis 2024, cette holding de Capital Management France est également associée majoritaire de « L’École d’art », une petite école d’art privée fondée en 2018 à Montreuil, qui propose un « bachelor arts visuels » (cycle de trois ans) et une classe préparatoire aux concours des écoles supérieures d’art et de design qui se déroule sur une année.

On relève le même investisseur dans Rockland/Prép’Art et L’École d’Art : Xavier Anthonioz, dirigeant du fonds d’investissement 123 Investment Managers, qui a pris des parts dans Rockland en 2020 et opportunément acquis une participation dans l’École d’Art via la société Leda 93 quelques semaines avant le dépôt de bilan de Prép’Art.

« Notre objectif est d’assurer la continuité pédagogique pour les étudiants », soutient Eugénie Drouin, directrice du développement de L’École d’art et de Prép’Art. L’offre de reprise ne concernant que le campus parisien, les étudiants inscrits à Prép’Art Toulouse et Marseille ont été orientés vers d’autres écoles comme Brassart. Sur les 200 étudiants inscrits initialement sur tous les campus, 75 ont rejoint l’école en septembre – les autres ont finalement opté pour des formations alternatives du fait de l’avenir incertain de la prépa privée. Ils ont effectué leur rentrée à Montreuil, dans les locaux de L’École d’art, les anciens baux de l’école parisienne ayant été résiliés par Rockland. « Les locaux de Montreuil, d’une superficie de 1 500 m², ont une capacité d’accueil de 250 étudiants », précise Pierre Doize.

Les anciennes classes préparatoires d’art et de design de Prép’Art ont ainsi fusionné avec la prépa artistique de L’École d’art. Les élèves de Prép’Art ont désormais accès aux 11 ateliers de Montreuil (céramique, gravure, édition, sérigraphie, multimédia, etc.) et à divers enseignements en dessin, à l’instar des cours de modèle vivant. Ils devront toutefois tirer un trait sur les ateliers de peinture de l’ancienne prépa. La classe préparatoire cinéma de Prép’Art a cependant été maintenue, avec une équipe partiellement modifiée. Si le personnel administratif de Prép’Art a été entièrement renouvelé, l’équipe pédagogique des deux classes préparatoires compte quant à elle un tiers d’anciens professeurs de Prép’Art et deux tiers d’enseignants de L’École d’art. Concernant les frais de scolarité, de 7 500 euros jusqu’à la rentrée 2025-2026, ceux-ci s’élèveront à 9 000 euros à partir de 2026-2027, auxquels s’ajouteront 450 euros de frais d’inscription – le montant comprend la fourniture du matériel et l’accès illimité aux ateliers, lequel était payant dans l’ancienne école Prép’Art, souligne Eugénie Drouin.

Le bail de Montreuil s’achevant à la fin 2026, l’équipe est actuellement à la recherche de locaux d’une superficie équivalente pour la rentrée prochaine, lesquels seront probablement situés dans Paris. D’ici là, Pierre Doize envisage de fusionner Prép’Art et L’École d’art. La dénomination « L’École d’art » pourrait disparaître au profit de l’unique « Prép’Art », porteuse d’une histoire plus longue et d’une reconnaissance plus importante. « On construit actuellement le rapprochement entre les deux écoles », indique Pierre Doize : les deux écoles font l’objet d’une mutualisation des équipes administrative et pédagogique cette année.