Politique

SUBVENTIONS

Une embellie des recettes de la loterie profite à la culture britannique

ROYAUME-UNI

Les institutions culturelles recevront 1,5 % de plus de la loterie nationale, alors qu’elles s’ attendaient à une baisse.

Les ventes de tickets de loterie ont connu une hausse en Grande Bretagne.
Les ventes de tickets de loterie ont connu une hausse en Grande Bretagne.
© National Lottery

Londres. Bonne surprise pour le milieu britannique de la culture et de l’art : après avoir annoncé un recul de son activité au cours des six premiers mois de l’année 2017, Camelot, la société privée en charge de la loterie nationale, a finalement enregistré une progression de son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente. Le budget du milieu artistique et culturel respire : au lieu de la réduction estimée de 6,4 millions de livres sterling (7,1 M€) du financement issu de la loterie nationale, les Arts Council du pays, les entités de gestion des financements artistiques et le British Film Institute, la cinémathèque nationale, recevront une hausse de leurs subventions de 5 millions de livres sterling (+1,5 %). Au total, 331 millions de livres sterling (370 M€) seront versés au monde de l’art et de la culture, soit 20 % de l’argent redistribué aux bonnes œuvres par Camelot. Le plus haut niveau historique de 380 millions de livres sterling (425 M€) enregistré il y a deux ans semble loin.

Une redistribution méthodique

La société a admis via son président Nigel Railton que ce retournement est principalement « lié à la chance, avec en particulier d’incroyables jackpots à l’EuroMillions ». Elle estime néanmoins que la mise en place de la nouvelle stratégie commerciale lancée après les mauvais résultats de 2016-2017 y est pour quelque chose. Camelot a ainsi ouvert la possibilité de jouer en ligne et a mené une campagne d’amélioration de son image.

En 2017-2018, Camelot a distribué 23,8 % de ses ventes aux bonnes œuvres, un résultat similaire à l’année précédente, mais en recul par rapport aux 28 % de l’année 2012. La société explique cette tendance par un changement de comportement des joueurs : leur détournement des jeux de tirage au profit des jeux de grattage. Entre 2009-2010 et 2016-2017, les ventes de ces derniers ont progressé de 118 % à 2,9 milliards de livres sterling (3,24 milliards d’euros) alors que les ventes de jeux de tirage ont diminué de 2 % à 4,02 milliards de livres sterling (4,5 milliards d’euros). Or, les bonnes œuvres reçoivent entre 28 % et 34 % des ventes de jeux de tirage et en moyenne 10 % des revenus des jeux de grattage. Cette méthode de redistribution a été établie avant le début de la licence de Camelot en 2009.

Nigel Railton a expliqué le mois dernier à un comité parlementaire qu’il comptait lever 60 à 80 millions de livres sterling (67 à 90 M€) supplémentaires chaque année pour les bonnes œuvres . Il avait été convoqué après que le Bureau d’audit national se fut aperçu que le chiffre d’affaires de Camelot avait progressé entre les années 2009-2010 et 2016-2017 de 27 % à 6,9 milliards de livres sterling (7,7 milliards d’euros), ses profits annuels de 122 % à 71 millions de livres sterling (80 M€), mais que la redistribution aux bénéficiaires publics n’avait progressé que de 2 % à 1,5 milliard de livres sterling (1,7 milliard d’euros).

Alors que la licence de gestion de la loterie nationale sera remise en jeu l’an prochain, pour un début prévu en 2023, la pression s’intensifie autour de l’entreprise pour qu’elle modifie ses règles de calcul, jugées par le comité parlementaire des comptes publics « trop favorables » et « pas assez flexibles pour protéger les intérêts des bénéficiaires publics quand le comportement des joueurs évolue ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°504 du 22 juin 2018, avec le titre suivant : Une embellie des recettes de la loterie profite à la culture britannique

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