Justice

Monaco : le contenu compromettant du portable de l'avocate de Rybolovlev validé en justice

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 29 juin 2018 - 482 mots

MONACO

La cour d'appel de Monaco a rejeté la requête du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev pour empêcher l'utilisation des éléments découverts dans le téléphone de son avocate, dans le bras de fer judiciaire l'opposant à son marchand d'art, selon un de ses avocats.

Tetiana Bersheda, l’avocate de Dmitri Rybolovlev
Tetiana Bersheda, l’avocate de Dmitri Rybolovlev
Photo Frank Mentha

Dans une tentative d'étouffer le scandale provoqué par la divulgation des SMS révélant une possible manipulation de l'enquête à son profit, le patron de l'AS Monaco avait saisi la cour pour demander la nullité de l'expertise du téléphone de Me Tetiana Bersheda, son avocate russo-helvète. Il estimait, par la voix de ses avocats, que le juge d'instruction n'avait pas à exhumer in extenso le contenu du téléphone, dénonçant une perquisition irrégulière et une violation du secret professionnel. C'est Me Bersheda elle-même qui avait confié son téléphone aux enquêteurs, pour qu'ils écoutent un enregistrement censé prouver la malhonnêteté de Yves Bouvier, le marchand d'art.

La cour d'appel a fait une autre analyse: "Elle a validé l'ensemble des actes réalisés par le juge d'instruction Edouard Levrault", a précisé Me Thomas Giaccardi, avocate de Rybolovlev, en annonçant un pourvoi devant la Cour de révision monégasque, équivalent sur le Rocher de la Cour de cassation française. Celle-ci devrait se prononcer assez rapidement courant 2018.

Denis Fayolle, avocat d'une autre protagoniste de l'affaire, Tania Rappo, enregistrée à son insu par Me Bersheda, s'est lui félicité: "Que la justice monégasque s'attache à son indépendance et n'hésite pas à faire toute la lumière sur les circonstances inacceptables dans lesquelles Mme Rappo a été enregistrée et arrêtée est important". Parus dans la presse française, les SMS tirées du téléphone de Mme Bersheda semblent démontrer que M. Rybolovlev aurait profité de ses bonnes relations avec les dirigeants de la police monégasque et avec le garde des Sceaux de la principauté pour piéger son marchand d'art suisse Yves Bouvier qu'il poursuit pour "escroquerie" depuis 2015.

L'oligarque russe, inculpé pour "complicité d'atteinte au droit au respect à la vie privée" dans le cadre de cette retentissante affaire, accuse M. Bouvier de l'avoir floué en lui revendant des tableaux avec des marges exorbitantes.

A cause des échanges découverts sur le téléphone de Me Bersheda, surnommée parfois la "tsarine" pour sa proximité avec M. Rybolovlev, l'affaire avait tourné au scandale à Monaco à l'été 2017, révélant au grand jour des connivences entre l'avocate, les policiers et le directeur des services judiciaires de la principauté.

Les révélations tirées du téléphone de Me Bersheda ont conduit en septembre au départ anticipé du garde des Sceaux Philippe Narmino et à l'ouverture par le parquet d'une enquête contre X pour trafic d'influence. Jean-Pierre Dreno, procureur général de Monaco jusqu'en septembre 2015 avant sa mutation à la cour d'appel d'Aix-en-Provence comme avocat général, a été mis en examen pour complicité d'atteinte au droit à la vie privée, selon Nice-Matin. Des faits qu'il nie, évoquant une inculpation automatique.

Cet article a été publié le 28 Juin 2018 par l'AFP

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