Politique culturelle

Le Pass Culture est maintenu 

Par Stéphanie Lemoine · lejournaldesarts.fr

Le 29 septembre 2020 - 794 mots

PARIS

Le programme qui bénéficie de 20 millions d’€ de crédits en plus devrait être généralisé en 2021. La bourse serait diminuée.

Affiche de 2020 pour le Pass culture. © Ministère de la Culture
Affiche de 2020 pour le Pass culture.
© Ministère de la Culture

Survivra ? Survivra pas ? Ces derniers mois, l‘avenir du Pass culture semblait compromis. En phase d’expérimentation dans 14 départements depuis juin 2919, le dispositif culturel phare du quinquennat, qui alloue aux jeunes de 18 ans un montant de 500 euros à consommer pendant deux ans en biens culturels, devait être étendu à cinq régions en avril dernier. La crise sanitaire et le remaniement ministériel ont eu raison de cet objectif, et pu faire douter de l’avenir du Pass. 

Le projet de loi de finances (PLF) présenté hier lundi a rendu le verdict : le dispositif est maintenu. 59 millions d’euros de crédits lui sont alloués pour 2021, soit 20 millions d’euros de plus que cette année. 

Un pass sous-utilisé
« Le Pass Culture est une bonne idée du Président, affirmait hier Roselyne Bachelot lors de la conférence de presse du ministère de la Culture. Je veux que cela marche. » Ce volontarisme tranche avec les doutes exprimés récemment par la nouvelle ministre. Dans un entretien accordé au journal Le Monde le 4 septembre dernier, elle évoquait des « fragilités » et pointait la nécessité d’une vraie réflexion avant toute généralisation sur l’ensemble du territoire national. 

Cette réflexion porte d’abord sur le montant alloué aux bénéficiaires du dispositif. « 500 euros, c’est trop », affirmait hier Roselyne Bachelot. Un avis partagé par Damien Cuier, directeur de la Sas Pass Culture : « nous avons fait une recommandation autour de 300 euros », explique-t-il. Les évaluations conduites en Bretagne, seule région intégralement ouverte à l’expérimentation, et où se concentrent 50 % des inscrits, plaident en effet dans ce sens. Le document de synthèse publié cet été décrit le « jeune breton » type en ces termes : « il a activé son compte il y a 7 mois et a dépensé 118 euros pour découvrir 5 offres culturelles soit un potentiel de dépense de 404 euros sur 24 mois. » 

Comme dans les dix autres départements tests, le livre y arrive en tête des réservations, suivi par l’offre musicale et la catégorie « audiovisuel », en nette augmentation pendant le confinement. De quoi conforter les critiques pointant l’effet d’aubaine du dispositif et le risque d’une marchandisation des biens culturels. 

Vers des offres « expérientielles »

La volonté de pallier ces écueils est l’autre fil rouge des arbitrages en cours. « Les jeunes ont une vie avant d’arriver dans le Pass à 18 ans, explique Damien Cuier. Nous devons déterminer comment celui-ci peut s’articuler aux actions menées au titre de l’EAC. Comment cela va-t-il traduire in fine ? Est-ce que les jeunes auront la possibilité d’utiliser une partie de leur Pass à 16 ans ou 17 ans, puis une autre partie à leur majorité ? C’est un point sur lequel le ministère de la Culture discute actuellement avec l’Education nationale. » 

Pour conforter les parcours EAC des bénéficiaires, la Sas Pass Culture évoque d’ailleurs la possibilité d’un Pass rechargeable une fois l’intégralité du montant consommée. Cette solution aurait l’avantage d’assurer à la société des ressources propres pour co-financer le dispositif. 

La réflexion porte aussi sur la nature et le périmètre des offres. « Il nous faudra déterminer si le Pass se contente d’être une plateforme qui référence des offres classiques et monétisées d’accès à la culture, soit notre premier niveau d’intervention, note Damien Cuier. Ne doit-on pas renforcer l’offre d’activités culturelles non transactionnelles ? La ministre a évoqué la possibilité de proposer des rencontres avec des artistes. C’est l’une des voies possibles pour que le Pass donne accès à des expériences culturelles et à tout ce qui relève de la médiation. » 

Pas question pour autant selon Roselyne Bachelot de « créer une administration du Pass Culture ». A cet égard, c’est sur les développements technologiques de l’application que pourrait s’appuyer la diversification des offres : « Nous faisons tout pour simplifier le dispositif et le rendre fluide et lisible, affirme Damien Cuier. L’objectif est double : inciter les offreurs à ajouter des offres expérientielles, et guider les jeunes via des mécaniques de recommandations pour qu’ils s’éloignent de plus en plus de leur zone de confort. C’est notre gros enjeu de transformation pour l’année 2021. »

Dernier point flou, et non des moindres : la date à laquelle sera généralisé le Pass. Sur ce point, Damien Cuier se montre confiant : « Nous avons fait une belle rentrée, assure-t-il. Nous avons dépassé les 100 000 jeunes inscrits et attendons la 500 000e réservation. On annonce des arbitrages à rendre dans le courant de l’automne. Quand on dit ça, c’est qu’on se prépare à une généralisation en début d’année suivante. » Verdict, donc, en janvier 2021. 

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