Politique

Les engagements culturels d’Emmanuel Macron font du surplace

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 4 juin 2020 - 587 mots

FRANCE

La mise en œuvre des 18 promesses de campagne du candidat Macron pour le patrimoine, les arts visuels, l’éducation artistique ou le ministère de la Culture a peu progressé au cours de la troisième année de mandat.

France. Il ne reste que deux ans au président de la République pour réaliser ses 18 engagements de campagne dans les domaines couverts par Le Journal des Arts (sur 29 promesses culturelles au total) alors qu’il n’est qu’à la moitié du chemin. Avec une note moyenne de 2,4 sur 5, le rythme de mise en œuvre a ralenti par rapport aux deux premières années. Il est vrai que le contexte n’a pas été très favorable à la culture. Après la crise des « gilets jaunes » entre novembre 2018 et avril 2019, puis les grandes grèves contre la réforme des retraites en décembre 2019 et janvier 2020, c’est maintenant le Covid-19 qui vient bousculer l’agenda présidentiel.

Il y a cependant des avancées comme dans l’accompagnement des artistes. Derrière la formule répétée tel un mantra par Franck Riester, ministre de la Culture, « les artistes sont au cœur de ma politique », une stratégie plus ou moins étayée prend forme avec les mesures directement inspirées du plan Racine, lequel fait suite au rapport remis au Parlement en juillet 2018 « sur la situation des arts visuels » ainsi qu’aux multiples ateliers organisés en régions dans le cadre des schémas d’orientation pour les arts visuels (Sodavi). Mais il y a encore beaucoup à faire, notamment concernant la préparation des futurs artistes à leur carrière professionnelle, la réorganisation des résidences, la promotion à l’international et le serpent de mer du soutien des plasticiens de la scène française par les institutions publiques.

Avouons que la situation des artistes ne passionne pas beaucoup les Français, à l’inverse du patrimoine où le président a vu juste en confiant dès novembre 2017 à Stéphane Bern une mission sur les monuments en péril. Les médias raffolent de l’animateur de télévision, le moindre de ses propos fait l’objet d’une dépêche de l’AFP. L’annualisation du Loto du patrimoine – qui ne rapporte qu’une vingtaine de millions d’euros – et les multiples annonces sur les monuments aidés permettent de « feuilletonner » l’action de la mission pendant une bonne partie de l’année. L’autre star est sans conteste la malheureuse cathédrale Notre-Dame. L’incendie dramatique a suscité un incroyable élan de générosité pour sa restauration, plus de 900 millions d’euros de dons ont été collectés, soit deux fois le budget annuel du ministère consacré aux monument historiques. Ici Emmanuel Macron lui-même est monté en première ligne.

Le président tient également beaucoup au Pass culture, qui après un départ rapide est aujourd’hui à la peine. Le dispositif (une bourse de 500 euros permettant aux jeunes de 18 ans d’acheter via une application des produits culturels) est régulièrement critiqué par plusieurs élus – les parlementaires avaient ainsi raboté 5 millions d’euros sur son budget 2019. Même ses bénéficiaires dans les départements test ne témoignent pas d’un enthousiasme débordant. Plusieurs décisions importantes pour son devenir doivent être prises dans les prochains jours.

Emmanuel Macron fait résolument le pari de la jeunesse et a repris à son compte le volontarisme de ses prédécesseurs en matière d’éducation artistique et culturelle. Mais là aussi le programme (EAC, pour Éducation artistique et culturelle) a du mal à prendre corps malgré des moyens très importants qui apparaissent comme du saupoudrage en regard des 12 millions d’élèves concernés. Il faudrait l’équivalent d’un Stéphane Bern pour incarner le plan.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°547 du 5 juin 2020, avec le titre suivant : Les engagements culturels d’Emmanuel Macron font du surplace

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