Vol

Affaire Garel

Le manuscrit restitué

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 2 août 2007 - 480 mots

La bible hébraïque dérobée par un conservateur de la BNF a été retrouvée après une enquête minutieuse.

PARIS - L’affaire avait fait grand bruit : en juillet 2004, la Bibliothèque nationale de France (BNF), après avoir constaté dès juillet 2000 la disparition d’une bible hébraïque du XIIIe siècle, révélait publiquement que son conservateur en chef des Manuscrits, Michel Garel, était mis en examen pour « vol aggravé ». L’enquête qui avait alors été ouverte porte aujourd’hui ses fruits. La BNF vient de récupérer son précieux manuscrit qui a rejoint les collections de la rue de Richelieu le 6 janvier. « Tous les moyens de droit ont été mis en œuvre pour le retrouver », a précisé Jean-Noël Jeanneney, président de la BNF, se félicitant par ailleurs de la portée symbolique d’une telle affaire. « Outre la grande émotion qu’elle a provoquée ici, cette nouvelle montre qu’on ne passe pas entre les mailles de la justice. Nous espérons que cela découragera d’autres forfaitures de ce type. » Cotée « Hébreu 52 », la bible avait été acquise « de bonne foi » en mai 2000 chez Christie’s New York par le collectionneur américain Josef Goldman, lequel l’avait ensuite revendue. « M. Goldman n’a pas voulu nous révéler qui était cet acheteur, a expliqué Me Pierre Cournot, l’avocat de la partie française. Mais nous avons fait pression pour qu’il fasse revenir le manuscrit “H52” à New York où il a pu être identifié comme tel. » Pour ce, Laurent Héricher, conservateur au département des Manuscrits, s’est rendu sur place où il a comparé le document retrouvé au microfilm de l’original. En décembre, un accord a finalement été trouvé entre la partie française et Josef Goldman. Il a été entériné le 2 janvier par le juge de la Cour suprême de l’État de New York qui a ordonné la restitution du document. « Aucune indemnité n’a été versée à M. Goldman, si ce n’est une somme minime pour rembourser une partie des frais de justice », a précisé Jean-Noël Jeanneney. Travesti pour être revendu, le manuscrit a subi diverses dégradations : il a été amputé de 63 feuillets (il s’agissait du Pentateuque), les marges extérieures – éléments qui participent pour beaucoup à la qualité esthétique d’une telle œuvre – ont été raccourcies de six centimètres, tandis que toutes les marques d’appartenances à la BNF ont été grattées. La reliure a, elle aussi, été remplacée. Le « H52 » faisait partie des cinq documents dérobés par Michel Garel. Reste donc à mettre la main sur les quatre autres (un manuscrit et trois imprimés) ainsi que sur les 63 feuillets manquants. Condamné pour vol le 10 mars 2006 par le tribunal de grande instance de Paris , Michel Garel a, pour sa part, interjeté appel. L’audience devant la cour d’appel s’est tenue en décembre ; la décision a été mise en délibéré au 26 janvier.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°251 du 19 janvier 2007, avec le titre suivant : Le manuscrit restitué

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