L’art contemporain

Au nom des pères

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 18 novembre 2009 - 491 mots

Année à biennales oblige, on peut enfin se livrer à un épluchage en règle des bilans et catalogues pour voir émerger quelques nouvelles directions en matière de création.

S’il ne fallait pas attendre une lame de fond de Venise pour décider des grandes tendances à venir, on y a vu poindre quatre nœuds de réflexion : la performance, l’archive photographique, le low-tech et le politique. Et ce, sans qu’aucune de ces catégories ne tombe dans le classicisme. Ainsi une conscience aiguë du monde passait moins par un mode revendicatif et frontal que par des détours avec comme sujet de prédilection, les migrations et l’écologie. L’art à l’écoute du monde, Lyon en fut l’un des exemples.
   
    Pour la performance, le modèle de la lecture publique, d’une sorte de leçon commentée et agrémentée d’images, dispute un retour massif à la forme théâtrale incarnée par une Ulla von Brandenburg. Preuve en est, la très prospective foire de Turin a dédié une section entière au théâtre d’artiste. Et est-ce par le même souci d’authenticité, d’échapper au marketing de l’art et à son formatage tous marchés que l’on a vu refleurir des collages de matériaux récupérés à foison ? La basse-technique a en effet envahi de nouveau les salons, de collages d’images récupérées à une pratique de la sculpture en rébus visuel.
   
    L’archive et plus précisément la photographie argentique s’imposent, quant à elles, depuis quelques années dans le travail de nombreux artistes conceptuels. L’exemple le plus frappant est bien l’exposition magistrale de Simon Starling, au Mac/Val, que l’on pourrait ériger en chef de file de cet art de l’enquête, de la source, d’un art qui regarde l’art. Car c’est aussi là que se loge le fil conducteur de cette année. Plus que jamais les artistes travaillent et revendiquent des filiations, connaissent leur histoire des arts et des technologies sur le bout des doigts. D’ailleurs Venise en était un des symptômes marquants. Une chose est notable, le recul de la sculpture purement formaliste, minimaliste, glaçante, semble engagé. Mais avec l’art contemporain, il ne faut jurer de rien.

Une saison entière de prix
Les remises de prix ont commencé cette année avec le Turner Prize 2008, décerné en janvier à Mark Leckey, sans susciter l’enthousiasme des critiques. En mars, le prix de dessin de la fondation Guerlain a récompensé la Chilienne Sandra Vásquez de la Horra pour ses œuvres satiriques. L’artiste allemand Tobias Rehberger a décroché le Lion d’or du meilleur artiste à la Biennale de Venise cet été tandis que Bruce Neuman remportait le Lion d’or du meilleur pavillon national pour les États-Unis. En septembre, le photographe japonais Hiroshi Sugimoto et l’Américain Richard Long ont reçu le Praemium Imperiale. À la Fiac, le prix Marcel Duchamp est allé à Saâdane Afif pour son travail de collaboration mêlant différents arts et artistes. Enfin, en octobre, le prix fondation Ricard a été décerné au couple tumultueux formé par les peintres Ida Tursic et Wilfried Mille.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°619 du 1 décembre 2009, avec le titre suivant : L’art contemporain

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