Police - Justice

L’affaire Rybolovlev-Bouvier ébranle Monaco

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 14 novembre 2018 - 385 mots

La justice monégasque enquête sur une possible collusion entre le milliardaire et de hautes personnalités policières et judiciaires.

Monaco. Le conflit médiatico-judiciaire entre le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev et le marchand d’art Yves Bouvier est en passe de devenir une affaire d’État. Le Russe reproche à Yves Bouvier d’avoir prélevé des commissions indues – près de 1 milliard de dollars (près d’1,7 M€) – sur les œuvres d’art que ce dernier lui conseillait à l’achat. Yves Bouvier avait été interpellé et mis en examen en février 2015 par la justice monégasque pour « escroquerie » après avoir été attiré dans la Principauté par son client.

C’est ici que se joue l’affaire d’État. La justice monégasque a saisi le téléphone portable de l’avocate du milliardaire, par ailleurs président de club de football, et consulté la messagerie qui révélerait des collusions avec plusieurs personnalités de la police et de la justice de la Principauté. L’avocate aurait prévenu ses interlocuteurs de la venue d’Yves Bouvier en février 2015. En septembre 2017, quelques jours avant l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour trafic d’influence par le parquet général de Monaco, le garde des Sceaux de Monaco, Philippe Narmino, prend précipitamment « sa retraite anticipée ».

Un ancien ministre impliqué

La mise en cause de Dmitri Rybolovlev est la suite logique de la confirmation par la cour d’appel de Monaco en juin dernier du droit d’exploitation par la justice des éléments découverts dans le portable. Après avoir été placé en garde à vue début novembre, il est mis en examen, ainsi que l’ancien ministre de l’Intérieur et trois hauts dirigeants policiers. C’est quasiment toute la haute hiérarchie judiciaire et policière de la Principauté qui est concernée.

Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série de bonnes nouvelles pour Yves Bouvier qui avait dû vendre Natural Le Coultre, sa société de transport et d’entreposage d’œuvres d’art en octobre 2017. Saisie par Dmitri Rybolovlev – Bouvier résidant à Singapour –, la justice singapourienne avait considéré que le litige entre les deux hommes relevait des tribunaux suisses. Puis le prix record obtenu par le Salvator Mundi livré aux enchères à New York en novembre 2017, l’un des tableaux sur lesquels avaient porté les conseils d’Yves Bouvier, avait affaibli la thèse du milliardaire, incitant la justice américaine à ne pas donner suite à sa plainte aux États-Unis.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°511 du 16 novembre 2018, avec le titre suivant : L’affaire Rybolovlev-Bouvier ébranle Monaco

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