Royaume-Uni - Censure

La Lisson Gallery annule une exposition d’Ai Weiwei en raison d’un tweet de l’artiste

Par Chloé Goudenhooft, correspondante au Royaume-Uni · lejournaldesarts.fr

Le 15 novembre 2023 - 473 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

L’artiste chinois a pris une position dans la guerre Hamas-Israël qui embarrasse la galerie londonienne.

Ai Weiwei. © Zinnmann, 2017, CC BY-SA 4.0
Ai Weiwei.

Ai Weiwei a confirmé la suspension de son exposition à la Lisson Gallery de Londres, prévue pour le mois de novembre. Mais selon l’artiste chinois, l’exposition est, de fait, annulée et n’ouvrira pas. A l’origine de cette décision, se trouve un tweet écrit en octobre par Ai Weiwei en relation avec le conflit entre Israël et le Hamas. En réponse à un internaute qu’il ne connaît pas, l’artiste écrit que « le sentiment de culpabilité lié à la persécution du peuple juif a parfois été transféré au monde arabe ». Il y souligne aussi les liens entre Israël et les États-Unis.« L’aide annuelle de 3 milliards de dollars accordée à Israël est présentée depuis des décennies comme l’un des investissements les plus précieux jamais réalisés par les États-Unis. Ce partenariat est souvent décrit comme une communauté de destin. »

Dans une déclaration qui a suivi l’annulation de son exposition, Ai Weiwei indique avoir essayé d’écrire ce tweet de façon « objective et neutre, sans jugement moral, sans accusation ni évaluation des actions humaines ». Mais il souligne aussi que l’exercice de la simplicité, contraint par la nature du réseau social, a rendu difficile de produire « ce que l’on appelle, l’expression correcte. » Ai Weiwei accepte la décision de la galerie, estimant qu’elle « a été prise pour éviter d’autres litiges et pour (son) propre bien-être ».

Mais pour cet activiste qui dénonce la censure exercée en Chine et qui a fui son pays pour cette même raison, cette décision soulève la question de la liberté d’expression. Il ajoute dans son long tweet : « Dans le domaine de l’art, lorsqu’il y a des zones interdites, il en résulte le type d’art que nous voyons souvent aujourd’hui. Il provient d’une bonne éducation, où certaines expressions sont favorisées et d’autres écartées. Sans la liberté d’expression, l’existence fondamentale de l’art et de l’expression serait en péril. » 

L’atelier d’Ai Weiwei a aussi annoncé que son exposition solo « Butterfly », prévue du 4 novembre au 6 janvier 2024 à la galerie Max Hetzler à Paris, a également été annulée. La galerie Lisson n’a pas répondu à nos sollicitations.

Communiqué de la LISSON GALLERY

« Après de longues conversations avec Ai Weiwei, à la suite d'un commentaire qu'il a publié en ligne, nous avons convenu ensemble que ce n'était pas le bon moment pour présenter son nouvel ensemble d'œuvres. Il n'y a pas de place pour un débat pouvant être qualifié d'antisémite ou d'islamophobe à un moment où tous les efforts devraient être consacrés à mettre fin aux souffrances tragiques dans les territoires israéliens et palestiniens, ainsi que dans les communautés du monde entier. Ai Weiwei est bien connu pour son soutien à la liberté d'expression et pour sa défense des opprimés, et nous respectons et apprécions profondément notre relation de longue date avec lui. »

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