Restitutions - Art non occidental

La fille de Douglas Latchford fait don au Cambodge des antiquités khmères de son père

Par Marion Pedram · lejournaldesarts.fr

Le 5 février 2021 - 493 mots

CAMBODGE

Son père, grand collectionneur d’artefacts khmers, lui avait légué une impressionnante collection.

C’est la plus grande collection privée d’objets de la dynastie khmère : la collection Latchford, devenue à sa mort propriété de sa fille Nawapan (anciennement Julia Ellen Latchford), a été restituée par cette dernière au gouvernement cambodgien. Nawapan Kriangsak, 49 ans, a en effet estimé qu’il était difficile pour elle d’entretenir pareille collection, et que ces objets avaient leur place dans un musée, dans leur pays d’origine. Une décision saluée par les responsables cambodgiens, rapporte le New York Times

La collection du marchand d’art et aventurier britannique, estimée à 50 millions de dollars, réunit 125 œuvres vieilles de 1000 ans. On y trouve des statuettes, des bijoux, des couronnes en or et autres objets sacrés. Elle sera exposée sous le nom de « Collection Latchford » dans un nouveau musée qui sera construit à Phnom Penh. Pour le moment, 25 objets datant du Xe siècle ont été rapatriés au Cambodge depuis Bangkok, où vivait principalement Latchford. Les autres objets devraient être expédiés dans les mois prochains.

Douglas Latchford, collectionneur insatiable d’antiquités khmères, est décédé l’été dernier à l’âge de 88 ans. Il est reconnu comme l’un des grands spécialistes des objets de cette dynastie cambodgienne, sur lesquels il a coécrit trois ouvrages. Il faisait cependant face, depuis 2019, à des accusations de possession illicite d’objets pillés et de falsification de documents visant à faciliter la vente de ces mêmes objets. 

En 2012, le Metropolitan Museum of Art de New York a d’ailleurs rendu au Cambodge deux statues dont certaines parties avaient été données par Latchford au musée américain, après qu’il eut été déterminé qu’elles avaient été volées. La justice fédérale américaine l’a accusé il y a deux ans de trafic d’objets d’art cambodgien, estimant que sa carrière reposait sur un réseau de contrebande d’objets volés sur des sites archéologiques. Latchford s’estimait quant à lui « sauveur » d’objets « perdus dans la jungle », objets qui selon lui, auraient été à la merci des Khmers rouges et probablement détruits. Il est mort avant son extradition et le début d’un procès. 

Laissés à l’abandon dans la jungle ou volés puis vendus aux quatre coins du monde, les artefacts anciens ont fait partie des victimes collatérales de la guerre civile au Cambodge (1967-1975) et la dictature sanguinaire des Khmers rouges.

Le gouvernement cambodgien n’a quant à lui jamais accusé Douglas Latchford de pillage ou de possession illicite. Latchford entretenait au contraire de très bonnes relations avec le pays, à qui il avait auparavant fait don de plusieurs objets. Il a même été décoré de la Grande Croix de l’Ordre de Monisaraphon, pour sa « contribution unique à l’étude et la compréhension de la culture khmère ».

L’Empire khmer régna sur le Cambodge du IXe au XIIIe siècle environ. Cette dynastie est notamment à l’origine de l’ancienne ville d’Angkor, devenue aujourd’hui site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont les vestiges des quelques 200 temples attirent chaque année plus d’un million de visiteurs.

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