Restitutions

La collection d’un ancien lauréat du Turner Prize pourrait quitter l’Angleterre 

Par Marion Pedram · lejournaldesarts.fr

Le 13 avril 2021 - 403 mots

ROYAUME-UNI

Refusée par l’Ashmolean en raison de sa provenance douteuse, la collection d’art indien d’ Howard Hodgkin pourrait rejoindre New York.

Le Maharaja Vijai Singh prend un bain avec ses femmes, c. 1760, gouache avec or et argent sur papier, 41 x 58 cm. © Howard Hodgkin Collection
Le Maharaja Vijai Singh prend un bain avec ses femmes, c. 1760, gouache avec or et argent sur papier, 41 x 58 cm.
© Howard Hodgkin Collection

La collection d’art indien de Howard Hodgkin, artiste britannique lauréat du Turner Prize en 1985, se retrouve sans acquéreur au Royaume-Uni mais éveille la convoitise du Metropolitan Museum of Art. Le compagnon de l’artiste décédé en 2017, a en effet révélé que le musée new-yorkais était en discussion concernant l’acquisition des quelque 120 tableaux et dessins, datés entre le XVIe et le XIXe siècle et estimés à plus de 7,2 millions de livres (8,3 millions d’euros).

Initialement, la collection avait été proposée à la vente à l’Ashmolean Museum, le musée de l’université d’Oxford. C’était en effet le souhait de Howard Hodgkin, que l’ensemble de sa collection rejoigne le prestigieux musée britannique. Il lui aurait fait une proposition intéressante, rapporte The Guardian

Mais l’Ashmolean a refusé, estimant après recherches que seules 40 % des œuvres disposaient d’une provenance établie et pouvaient ainsi être acquises sans risques. Les 60 % restant souffriraient d’un manque de documentation sur leur historique de propriété, voire de doutes quant à la légalité de leur exportation hors d’Inde. 

Anthony Peattie, compagnon de Hodgkin, avait déclaré que ce dernier se fournissait chez des marchands d’art de Londres, New York ou Hong Kong sans se préoccuper de la provenance des œuvres, qui n’était pas un sujet central dans les années 70-90.

The Guardian indique qu’un organisme de financement a averti l’Ashmolean qu’il n’offrirait pas de prêt pour l’achat de tableaux dont la provenance ne pourrait être clairement établie. 

Il est vrai que l’Ashmolean Museum est un peu échaudé. En février 2020, le gouvernement indien avait en effet fait une demande de restitution officielle au musée, concernant une statue ancienne pillée dans un temple durant les années 60, ensuite acquise (en toute bonne foi) par le musée.

L’Ashmolean aurait été disposé à acquérir les seules œuvres dont la provenance avait été validée mais Hodgkin, qui souhaitait par-dessus tout que ses œuvres restent ensemble, ne l’a pas permis.  

Surnommé le « Matisse britannique », Sir Howard Hodgkin (1932-2017) avait représenté le Royaume-Uni à la Biennale de Venise de 1984. Passionné par l’Inde, il y avait beaucoup séjourné, réalisant des commandes sur place, comme une fresque pour le British Council de New Delhi. Sa collection d’art indien, débutée dès l’adolescence, avait été qualifiée par l’Ashmolean en 2012 de « l’une des plus belles du monde, formée par l’œil d’un artiste ».
 

Thématiques

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque