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Gravures

Howard Hodgkin fait sensation

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 27 octobre 2015 - 626 mots

PARIS

La galerie Éric Dupont présente des gravures de l’artiste anglais produites entre 1990 et 2014 qui soulignent la force vitale de son œuvre.

PARIS - On ne peut pas vraiment dire qu’Howard Hodgkin n’est pas reconnu : il a représenté l’Angleterre à la Biennale de Venise en 1984, reçu le Turner Prize en 1985 et fait une exposition personnelle à la Tate Modern en 2006. Sur un autre plan, il a aussi été anobli par la reine en 1992 et est devenu membre de l’ordre des Compagnons d’honneur en 2003. Malgré cela, l’artiste anglais (né en 1932 à Londres, où il vit encore aujourd’hui) n’est pas réputé en France, même si en 1990 le Musée des beaux-arts de Nantes (alors dirigé par Henry-Claude Cousseau) lui a consacré une rétrospective et s’il a été présenté par Jean-Marc Bustamante dans le cadre du Printemps de septembre à Toulouse en 2012. La galerie Gagosian lui a même organisé, l’été 2014, sa première exposition personnelle à Paris, passée relativement inaperçue, avec une série de peintures. Ce n’est pas sur ce terrain-là que joue Éric Dupont qui montre, lui, une vingtaine d’éditions rehaussées  des gravures au carborundum et aquatintes. Un choix d’autant plus pertinent que la gravure est depuis toujours pour Hodgkin une activité à part entière.

Entre abstraction et figuration
À l’exception de deux œuvres, Indian Tree et Flowering Palm (de 1990-1991) qui évoquent clairement un palmier, toutes les autres semblent à première vue abstraites, avec leurs balayages de couleurs à grands gestes ou leurs taches, comme des cellules vues au microscope. Mais lorsqu’on regarde leurs titres, Gate (2014), Summer Evening (2014), on s’aperçoit effectivement que l’une montre un morceau de campagne avec une porte et l’autre un coucher de soleil. Lorsqu’on demande à Howard Hodgkin s’il se considère comme un peintre abstrait ou figuratif, la réponse fuse : « Les deux à la fois et ni l’un ni l’autre. Je n’ai jamais pensé mon travail en ces termes-là. Je cherche juste à représenter des émotions. » En regardant ses œuvres plus attentivement, on se rend compte que ses gestes décidés, marqués et ses couleurs affirmées ne sont là que pour faire émerger des sensations. Un peu comme dans cette vieille histoire chinoise où un empereur avait demandé à un peintre de lui représenter le combat de deux dragons : l’artiste après des années de travail était finalement arrivé à ne faire que deux gestes, un vert, un rouge, que l’empereur ne comprit pas tout de suite, avant de s’apercevoir petit à petit que les traits bougeaient et que derrière ces balafres a priori abstraites, il avait bien sous les yeux deux dragons en pleine bataille. On retrouve chez Hodgkin cette fulgurance, cette même énergie à faire vivre et vibrer les choses, à utiliser son geste comme un outil pour mettre en scène et cadrer, au point le plus juste, un sentiment. De même avec les couleurs, que ses voyages annuels en Inde, alimentent : « Le but de la couleur est uniquement d’exprimer quelque chose. Je ne l’utilise jamais pour elle-même, comme une fin en soi, mais comme une fonction », continue-t-il. Et de fait, lorsqu’Hodgkin peint Autumn, on y est, de même qu’avec Heat (Chaleur), on transpire presque.
Compris entre 4 300 euros pour la plus petite œuvre, Wet day (20 x 27 cm) et 28 000 euros pour la plus grande, La plume de ma Tante (174 x 244 cm), les prix sont certes élevés. Mais il faut se rappeler qu’une huile sur bois (175 x 190 cm et datée de 1984-1986) s’est vendue 1 621 000 euros chez Christie’s à Londres en février dernier et que l’artiste est chez Gagosian.

Howard Hodgkin

Nombre d’œuvres : 19
Prix : entre 4 300 € et 28 000 €

Howard Hodgkin, Prints

Jusqu’au 14 novembre, Galerie Éric Dupont, 138, rue du Temple, 75003 Paris, tél.01 44 54 04 14, www.eric-dupont.com, mardi-samedi 11h-19h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°444 du 30 octobre 2015, avec le titre suivant : Howard Hodgkin fait sensation

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