Rénovation

Feu vert pour les travaux du MAH

Seize ans après son lancement, la rénovation-extension du Musée d’art et d’histoire de Genève est enfin sur les rails pour une ouverture en 2022... Sauf ultime rebondissement

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 20 mai 2014 - 725 mots

Le tribunal administratif de première instance de Genève a débouté les deux associations patrimoniales suisses qui avaient formé un recours contre le projet d’extension du Musée d’art et d’histoire de Genève. Si le projet signé Jean Nouvel doit encore être validé par les élus, l’avenir s’annonce plus serein pour le musée qui devrait rouvrir en 2022.

GENÈVE (SUISSE) - Jean-Yves Marin, le directeur des Musées d’art et d’histoire de la Ville de Genève peut pousser un soupir de soulagement : les travaux de rénovation du musée vont enfin pouvoir démarrer. Enfin presque. La justice suisse a débouté le 6 mai dernier les recours déposés par deux associations de défense du patrimoine qui contestaient la hauteur de l’extension signée Jean Nouvel dans la cour du musée. Quelques jours auparavant, le conseil municipal avait transmis le dossier à la commission des travaux avant un retour en conseil pour voter le projet et son financement. La Commission des monuments et des sites, équivalent de la Commission des monuments historiques en France s’était, elle, prononcée positivement il y a un an après de longues délibérations. « Je suis plutôt confiant sur ces deux étapes », explique Jean-Yves Marin, « tous les partis politiques semblent favorables au projet ». Un projet ancien et qui revient de loin. C’est en effet en 1998 que la Ville lance un concours remporté par Jean Nouvel. Mais le projet est mis au placard avant d’être relancé avec l’arrivée du Français Jean-Yves Marin. Les associations locales se mobilisent alors et Jean Nouvel doit revoir sa copie en 2011. Dans la nouvelle version, la cour intérieure du bâtiment est toujours couverte par des verrières avec des mezzanines qui courent le long des étages supérieurs, mais la hauteur de la verrière a été diminuée et un espace d’exposition temporaire creusé en sous-sol, tandis qu’un auditorium va être construit sous la deuxième cour qui sépare les deux bâtiments. « Finalement cette deuxième version nous offre plus de commodités », admet le directeur. Car malgré la superficie des lieux, près de 18 000 m², il y a beaucoup d’espace perdu, comme c’est souvent le cas dans ces édifices muséaux néoclassiques au tournant du XXe (le MAH date de 1910). La reconfiguration va ajouter 4 000 m² d’espace d’exposition permettant de mieux mettre valeur les quatre grandes collections du musée.

Un projet financé à 50 % par le privé
Le budget global, 139 millions de francs suisses (114 millions d’euros), dont 7 millions déjà utilisés pour les études, est établi au centime près. « Contrairement à ce qui se passe en France, en Suisse on passe beaucoup plus de temps en préparation du projet et de son financement pour que tout soit défini dans les moindres détails, mais après il y a très peu de retard et de dépassements budgétaires du fait de l’architecte », explique Jean Yves Marin. Les deux tiers de la somme iront à la restauration des bâtiments et le tiers restant à la construction des extensions. La Ville de Genève devra supporter la moitié du financement, tandis que l’autre moitié viendra de fonds privés. D’ores et déjà 40 millions de francs suisses sont promis par le riche collectionneur Jean Claude Gandur (771e fortune mondiale selon le magazine Forbes). Le solde sera aisément apporté par d’autres entreprises, dont les grandes marques d’horlogerie ravies de disposer enfin d’un espace pour les collections de montres du musée. Le vote en conseil municipal interviendra fin 2014 et le musée sera fermé « dans tous les cas » le 31 décembre 2015. Suivront une année de mise en caisse et de déménagement des collections dans des réserves municipales en cours de construction, puis les travaux pour une durée de 3 à 4 ans et enfin une période de réinstallation. La réouverture est prévue en 2022. Entre-temps Jean-Yves Marin a prévu de faire voyager une partie des collections, histoire de récupérer un peu d’argent. Le Louvre Abou Dhabi et la Chine se sont déclarés très intéressés.

Sur le papier, la mécanique semble bien huilée. Mais un grain de sable pourrait tout enrayer. Les opposants ne sont pas disposés à désarmer et pourraient bien parvenir à obtenir l’organisation d’un référendum local après les élections de 2015. Et si le résultat du référendum est négatif tout serait à revoir. Une hypothèse que Jean-Yves Marin, qui doit partir en retraite en2020, se refuse à envisager.

Légende photo

Musée d'Art et d'Histoire de Genève - © Photo Sanyam Bahga - 2013 - Licence CC BY-SA 3.0

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°414 du 23 mai 2014, avec le titre suivant : Feu vert pour les travaux du MAH

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