États-Unis : levée de boucliers après la suppression de l’IMLS

La résistance commence à s’organiser contre le décret n° 14238, qui ordonne la suppression de plusieurs agences créées par le Congrès, dont l’Institute of Museum and Library Services (IMLS). Créée en 1996, cette agence soutient près de 123 000 bibliothèques publiques, scolaires et universitaires ainsi que 53 000 musées dans tout le pays. Sa fermeture, annoncée le mois dernier, a entraîné la perte d’emplois pour environ 75 personnes au 31 mars.

Le procureur général de Californie Rob Bonta s’est ainsi joint à une coalition de 21 procureurs pour intenter une action en justice contre l’administration Trump. Les procureurs estiment que cette mesure est illégale et ne peut être maintenue.

Dans un communiqué, le procureur général Rob Bonta a souligné que « l’administration Trump violait une fois de plus la constitution américaine et l’État de droit en fermant unilatéralement des agences, y compris celles qui offrent au public un accès peu coûteux ou gratuit à la connaissance et au patrimoine culturel ». La plainte fait valoir que l’ordre de fermeture enfreint une clause de la Constitution qui réserve au Congrès le pouvoir d’allouer des fonds publics.

La suppression de l’IMLS a également suscité une réaction des maisons d’édition Penguin Random House, Macmillan Publisher, Simon and Schuster et Hachette, qui ont adressé une lettre commune aux membres du Congrès. Dans cette lettre, elles s’opposent à la fermeture de l’IMLS et soulignent l’importance de l’agence pour garantir l’accès aux livres, au matériel pédagogique et aux ressources nécessaires à la transmission du savoir : « La fermeture de l’IMLS priverait des millions d’Américains de l’accès à des ressources essentielles pour participer pleinement au monde moderne. Ce serait un acte de négligence qui irait à l’encontre de notre démocratie ».

L’American Library Association (ALA) a également exprimé son inquiétude et a demandé que l’IMLS continue d’être financé et que les employés concernés soient réembauchés.

En 2024, l’IMLS a distribué plus de 267 millions de dollars (environ 245 millions d’euros) de subventions à travers les États-Unis pour soutenir des projets dans les domaines de la préservation du patrimoine culturel, des services éducatifs et de la technologie dans les bibliothèques et les musées. « La perte de ces services serait particulièrement préjudiciable aux familles à faibles revenus, aux personnes âgées et aux anciens combattants qui dépendent des bibliothèques. Les mesures de l’administration Trump menacent également les subventions qui soutiennent les musées de Californie, du zoo de San Diego en passant par l’Autry Museum of the American West de Los Angeles », a déclaré le procureur Rob Bonta.

Bien que l’impact du décret de Trump sur les subventions futures soit incertain, certaines villes et certains États ont commencé à publier la manière dont leurs services seraient affectés. Par exemple, la Washington State Library (État de Washington) a publié un document décrivant les effets des coupes budgétaires sur les bibliothèques de l’État. Les conséquences pourraient être : moins d’accès aux livres électroniques et audios, diminution des bases de données accessibles au public, mise en péril des bibliothèques installées dans des structures pénitentiaires, hospitalières ou dans les communautés indigènes. Selon The Guardian, sans subvention, environ 200 bibliothèques tribales pourraient fermer leurs portes.

Andrea Malcomb, directrice du Molly Brown House Museum à Denver a indiqué à Denverite, un média de la ville de Denver (Colorado), que la suppression de l’IMLS aurait un impact sur les archives. « L’IMLS fournit un financement vital pour les musées à travers le pays afin de réaliser ce travail d’archivage et de raconter ces histoires ». Le National World War I Museum and Memorial de Kansas City, qui avait reçu l’année dernière une subvention de 250 000 dollars (environ 230 000 euros) de l’IMLS, a également fait savoir au média Fox4 que son financement était en suspens.