Brésil - Départ - Politique

Démission surprise du secrétaire de la Culture brésilien

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 28 août 2019 - 447 mots

BRÉSIL

Henrique Pires est en désaccord avec une décision de censure du gouvernement brésilien à l’égard de la communauté LGBT.

Henrique Pires en janvier 2019. © Secretario Especial da Cultura, CC BY 2.0.
Henrique Pires en janvier 2019.
© Secretario Especial da Cultura

« Pour lutter contre la censure, je préfère me retirer », a déclaré le brésilien Henrique Pires après avoir officiellement démissionné du poste de secrétaire de la Culture le 22 août dernier. Sa décision fait suite à la suspension, par le gouvernement, d’un concours audiovisuel fédéral qui aurait pu subventionner des émissions sur la sexualité et le genre. Selon Henrique Pires, il s’agirait d’un énième « filtrage culturel » politique. De son côté, le gouvernement nie toute forme de censure.

Le concours organisé par le Fonds du secteur audiovisuel (FSA), un organe fédéral d’aide à l’industrie audiovisuelle au Brésil, avait été lancé le 13 mars 2018. Il devait permettre de financer 5 émissions diffusées sur des chaînes publiques avec des dotations allant de 400 000 à 800 000 réaux (respectivement 87 000 et 175 000 euros).

Le 15 août, le président brésilien Jair Bolsonaro avait publiquement demandé l’annulation du concours et critiqué 4 projets finalistes : Afronte, Religare Queer, Sexo Reverso et Transversais. Cette dernière émission projette de suivre le quotidien de cinq personnes transgenres vivants au Ceara, dans le nord-est du Brésil. Toutes abordent des thématiques de genre – un domaine pour lequel, selon le chef d’Etat, la FSA n’a pas à apporter d’argent.

Une semaine après les déclarations de Jair Bolsonaro, le gouvernement a suspendu la compétition du FSA durant 6 mois. Pour justifier cette décision, Osmar Terra, le ministre de la Citoyenneté supervisant notamment le secrétariat de la Culture, a invoqué la nécessité de réviser le comité de surveillance du concours.

Une explication à laquelle Henrique Pires n’a pas adhéré. L’ancien journaliste, qui était devenu en 2016 le chef de cabinet d’Osmar Terra -à l’époque ministre des affaires sociales-, considère qu’il s’agit d’une censure.

« Il est évident que je suis en désaccord avec Osmar Terra et le président concernant la liberté d’expression », a déclaré l’ex-secrétaire avant d’ajouter : « Je n’admets pas que la culture soit filtrée, soit je reste et me rend complice, soit je m’en vais. J’ai donc décidé de partir »

Henrique Pires, remplacé depuis son départ par son ancien vice-secrétaire José Paulo Soares Martins, a souligné qu’il était plus important de « donner du travail aux 13 millions de chômeurs brésiliens plutôt que d’observer à la loupe si un homme nu en embrassait un autre ». Il a également rappelé que l’homophobie était un crime au Brésil depuis le 14 juin dernier.

Cette réforme a constitué une avancée juridique majeure dans un des pays au plus fort taux d’assassinats de personnes LGBT. Selon l’ONG brésilienne Grupo Gay da Bahia (GGB), 387 meurtres « LGBTphobes » avaient été commis en 2017, soit plus d’un mort par jour.

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