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Coup de pouce italien pour le Musée National de Rio

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 24 juin 2019 - 557 mots

RIO DE JANEIRO / BRESIL

L’Italie promet une assistance pour la restauration des objets ainsi que le prêt de 2 000 pièces archéologiques.

Musée national de l'université fédérale de Rio de Janeiro en proie aux flammes, le 2 septembre 2018
Musée national de l'université fédérale de Rio de Janeiro en proie aux flammes, le 2 septembre 2018

La tournée européenne du directeur du Musée National de Rio aura porté ses fruits. Neuf mois après le dramatique incendie qui avait réduit en cendres le Paço da Sao Cristovao, et détruit quelques 18 millions d’objets, Alexander Kellner s’est rendu fin mai sur le Vieux Continent, afin d’obtenir une aide des gouvernements et institutions. Il a réussi à obtenir 185 000 € du gouvernement allemand, ainsi que 35 000 € du British Council. De son côté, l’Italie mettra à disposition du musée convalescent un ensemble d’objets archéologiques et son expertise en matière de restauration.

La sous-secrétaire italienne au patrimoine, Lucia Borgonzoni, a annoncé que 2 000 pièces du Musée archéologique de Naples traverseront l’Atlantique, dont des marbres et des fresques antiques. Ces objets archéologiques viendront tenir compagnie au squelette de Luzia, l’un des rares trésors du musée rescapé des flammes, pour une durée de 20 ans. En attendant la reconstruction du bâtiment, les Cariocas pourront découvrir les artefacts au Consulat italien de Rio et à l’Institut Culturel Italien.

Outre ce prêt, l’Italie offre son aide pour remettre sur pied la collection archéologique du musée, qui disposait d’un ensemble important de vestiges antiques venus d’Herculanum. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’épouse de l’empereur du Brésil Dom Pedro II était une princesse sicilienne, Teresa Cristina, qui avait fait l’acquisition de ces objets, par la suite légués au Musée national. Elisabetta Canna, conservatrice à Herculanum, dirigera la restauration des pièces épargnées par l’incendie, et les recherches d’autres objets perdus dans les décombres du musée.

Dans les colonnes de O Globo, Elisabetta Canna souligne la difficulté de restauration des pièces exposées au feu. « Il n’y a pas de méthode miracle, il faut considérer le matériau et le type de dommages de chaque œuvre. », explique-t-elle. L’eau utilisée pour éteindre le brasier a aussi pu entraîner des détériorations. La conservatrice italienne voit malgré tout dans ces fouilles un peu particulières une opportunité : « Une tragédie comme celle-là peut se transformer en une occasion de sensibiliser le public aux problématiques de conservation de ces objets. […] Le travail de restauration peut être un excellent outil de vulgarisation et de fidélisation du public. »

Cette aide extérieure ne rattrape toutefois pas un sentiment d’abandon, dénoncé récemment par Alexandre Kellner : le gouvernement du président Jair Bolsonaro semble désintéressé par le sort du musée, et tarde à mettre à disposition les fonds alloués à la reconstruction, « mettant en danger le sauvetage des œuvres dans les décombres », a-t-il précisé lors d’une conférence de presse. Une situation bien différente de celle de Notre-Dame, que le directeur du musée sinistré explique ainsi : « Notre pays n’est pas habitué au mécénat, et il n’existe pas de déductions fiscales comme en France ou aux Etats-Unis. »

Quid de la France ? Il y a bien un tweet du président Emmanuel Macron au lendemain de la catastrophe, assurant une aide dans la reconstruction, mais qui pour l’instant n’a pas été suivi d’effet. Il y a aussi une promesse du Louvre, à la suite d’une rencontre entre Alexandre Kellner et son homologue, Jean-Luc Martinez, le 6 juin dernier. Le musée parisien devrait prêter un certain nombre de pièces historiques au Musée National. Ce prêt au long terme devrait notamment palier la disparition de l’importante collection d’antiquités égyptiennes lors de l’incendie.

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