Colin Renfrew (1937-2024)

Cambridge (Royaume-Uni). De la datation au carbone-14 aux villages néolithiques des Cyclades en passant par la vulgarisation de l’archéologie, Colin Renfrew a construit une carrière prolifique en Grande-Bretagne. Né en 1937 près de Durham (Angleterre), il fait des études d’archéologie et d’anthropologie à Cambridge. Spécialiste des Cyclades et du peuplement de la Grèce à l’âge du bronze, il a enseigné pendant plus de quarante ans à l’université de Cambridge, dont il a dirigé la faculté Jesus College. Ses premières publications portent sur le peuplement de l’Europe néolithique et la révolution agraire, avec l’hypothèse anatolienne d’une diffusion de l’agriculture (aujourd’hui réfutée). Il a par ailleurs dirigé plusieurs chantiers de fouille dans les îles grecques à Mélos et Kéros et était président du conseil de direction de la British School à Athènes depuis 2004, date de sa retraite universitaire.

Outre ses apparitions médiatiques et sa participation à des documentaires, il doit sa célébrité à l’ouvrage publié avec son confrère Paul Bahn en 1991, intitulé Archaeology : Theories, Methods and Practice (Thames & Hudson). Réédité une dizaine de fois, le livre aborde l’archéologie tant du point de vue des techniques de fouille que de l’élaboration de théories et de l’histoire de la discipline. Tenant de la « nouvelle archéologie » ou « archéologie processuelle », il prônait un rapprochement entre la science et la théorie dans la pratique de l’archéologie, en intégrant les sciences sociales. Cette théorie en vogue dans les années 1960 et 1970 privilégiait le processus de déduction à partir des données récoltées – son approche sociale et environnementale a été critiquée dans les années 1980. Anobli en 1991, il a contribué au renforcement de la législation britannique en matière d’archéologie et de trafic d’antiquités lors de ses interventions à la Chambre des lords. La British School d’Athènes le décrit comme « un pionnier de la science archéologique moderne ».