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PORTRAIT

Claude Lemand, galeriste et collectionneur : un donateur inespéré pour l’Institut du monde arabe

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2018 - 556 mots

PARIS

Le galeriste vient de donner près de 1 300 œuvres d’artistes arabes modernes et contemporains à l’Institut du monde arabe.

Claude et France Lemand
Claude et France Lemand
© photo Dahmane

1945 Claude Lemand naît au Liban au sein d’une famille de six enfants, de milieu modeste. Ses quatre grands-parents meurent en Syrie et au Liban en 1916-1917, lors de la grande famine qui a décimé la région, un événement qui marque durablement la famille. Étudiant, il découvre la vie culturelle libanaise et commence à fréquenter galeries et théâtres. Après des études à l’École des lettres de Beyrouth, il obtient en 1971 une bourse du gouvernement français et entame un doctorat en littérature comparée à l’université d’Aix-en-Provence.

1974 Son doctorat en poche, Claude Lemand rentre à Beyrouth où il enseigne la linguistique. En décembre 1975, huit mois après le déclenchement de la guerre civile libanaise, il est arrêté et enlevé par des hommes armés. Après sa libération, il est gravement blessé par des éclats d’obus et souffre de stress post-traumatique : « J’ai été obligé de m’exiler et je suis retourné en France, parce que c’était proche du Liban et que je pensais que la guerre se terminerait rapidement. Mais je n’y suis jamais retourné », précise-t-il. C’est à cette époque qu’il épouse France Gresy-Aveline, petite-fille de l’écrivain et Résistant Claude Aveline.

1977 Engagé par le ministère français des Affaires étrangères, il part enseigner au Soudan jusqu’en 1981, puis en Égypte où il restera sept ans. Au Caire, il forme des interprètes et traducteurs pour l’arabe et le français et met en place un réseau de traducteurs entre la France et l’Égypte. En parallèle de ses activités universitaires, il commence à fréquenter des artistes égyptiens et à constituer une collection : « L’acquisition des œuvres a toujours été pour moi le meilleur moyen de m’en imprégner et entrer en dialogue avec l’univers particulier de chaque artiste. »

1988 Claude Lemand change de vie et s’installe à Paris, où il ouvre en octobre sa galerie rue Littré. Il défend des artistes français ou européens originaires du monde arabe, à l’instar d’Abadallah Benanteur, de Shaffic Abboud, Dia al-Azzawi, Etel Adnan, lesquels vont devenir les piliers de sa galerie et de sa collection personnelle. Il est passionné aussi, dès ses débuts, par les artistes parisiens originaires d’ailleurs, un aspect important pour le galeriste. Jusqu’en 1991, la galerie connaît le succès, avant que les années 1990 enregistrent un ralentissement mondial du marché de l’art, mais Claude Lemand garde le cap.

2008 Avec la montée en puissance de Dubaï sur le marché de l’art, les cotes des artistes arabes s’envolent, et, pour les 20 ans de la galerie, Claude Lemand ouvre un deuxième espace à Paris. Les collectionneurs du Liban et du Golfe fréquentent sa galerie. Claude Lemand expose ses artistes dans de nombreuses foires telles l’Armory Show (New York), Art Dubaï et Art Paris. Les grands musées du monde arabe viennent le trouver pour négocier l’achat ou le prêt d’œuvres d’artistes arabes modernes.

2018 À la foire Art Paris, Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA), visite chaque année le stand de la galerie Lemand. À la suite de sa rencontre avec Claude Mollard, conseiller de Jack Lang, Claude Lemand décide avec son épouse de faire don au musée de l’IMA en 2018 de 1 300 œuvres de leur collection [lire page 13]. Une première partie de la donation est présentée fin octobre.

informations

Site internet de la galerie Claude Lemand

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°509 du 19 octobre 2018, avec le titre suivant : Claude Lemand, galeriste et collectionneur : un donateur inespéré pour l’Institut du monde arabe

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