Société

Chuck Close et Thomas Roma dans la tourmente Weinstein

WASHINGTON / ETATS-UNIS

Le peintre et le photographe ne seront plus exposés à la National Gallery of Art de Washington, jusqu’ à nouvel ordre. Les deux artistes sont accusés de comportements déplacés.

Chuck Close, <em>Autoportrait</em>, 1999, impression numérique quatre couleurs sur aluminium, collection The Broad, Los Angeles
Chuck Close, Autoportrait, 1999, impression numérique quatre couleurs sur aluminium, collection The Broad, Los Angeles
© The Broad

Washington. Plusieurs femmes ont raconté dans les médias que Chuck Close, peintre tétraplégique et monstre sacré de la photographie aux États-Unis, leur avait donné rendez-vous dans son atelier new-yorkais et avait tenu des propos très crus après leur avoir demandé de se dénuder. L’exposition qui devait lui être consacrée à partir du 13 mai à la National Gallery of Art de Washington (NGA), « In the Tower : Chuck Close », a été annulée la semaine dernière.

Même sort pour Thomas Roma, dont les clichés devaient être accrochés à partir de septembre. Le professeur retraité de l’université de Columbia est, lui, accusé par cinq ex-étudiantes d’avoir usé de son autorité pour entretenir avec elles des relations parfois sexuelles (consentantes) ou d’avoir eu un comportement prédateur.

« Étant donné la récente attention suscitée par leur vie privée, (...) toutes les parties impliquées ont reconnu que le moment n’est pas approprié pour présenter ces œuvres », a expliqué la directrice de la communication de la NGA, Anabeth Guthrie.

Thomas Roma a dénoncé, par son avocat, des accusations « remplies d’inexactitudes et de malhonnêtetés », tandis que Chuck Close, 77 ans, s’est dit « vraiment désolé (...) Je reconnais que je suis vulgaire, mais nous sommes tous adultes. » Une explication insuffisante pour endiguer le scandale, dans un contexte post-affaire Harvey Weinstein, qui a vu tomber de nombreuses personnalités du monde de l’art aux États-Unis pour harcèlement sexuel, à l’instar du directeur de l’Armory Show, Ben Genocchio.

Les précautions de la NGA suscitent d’intenses débats parmi les musées américains : doivent-ils retirer les œuvres d’artistes accusés de tels comportements ou les signaler au public ? D’ailleurs, soulignent de nombreux directeurs, des génies comme Pablo Picasso ne sont-ils pas connus pour leur misogynie et leur violence ? In fine, c’est l’éternelle question de la dissociation de l’artiste et de son œuvre qui est posée.

La Pennsylvania Academy of Fine Arts, qui expose jusqu’à avril des photos de Chuck Close, s’épargne le dilemme : l’institution, a expliqué sa directrice Brooke Anderson, va maintenir l’exposition, mais organiser une contre-exposition, qui va évoquer « les questions de genre, de pouvoir, de règles sur le lieu de travail dans le monde de l’art et, en particulier, l’artiste dans son studio ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : Chuck Close et Thomas Roma dans la tourmente Weinstein

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