Bruno Monnier garde un siège chez l’opérateur culturel qu’il a créé il y a trente ans.

Paris. Bruno Monnier, le président de Culturespaces, opérateur culturel privé qu’il a fondé en 1990, cède son fauteuil à Aurélien Bosc, président de Pathé Cinémas jusqu’en mai 2024. Il reste cependant actionnaire de l’entreprise et va présider le conseil de surveillance. Le profil d’Aurélien Bosc fait écho à la profonde mutation du modèle économique de Culturespaces. Il a commencé sa carrière professionnelle en tant que consultant dans un grand cabinet de conseil (Ernst & Young) avant de faire un bref passage à la direction financière du groupe Carrefour puis de rejoindre Pathé en 2018. Un profil qui sied à la fois aux nouveaux actionnaires de Culturespaces et à la transformation de ses activités. Détenu majoritairement par le groupe Engie, l’entreprise a été rachetée en 2022 par deux fonds d’investissement : IDI et Chevrillon (ce dernier a également pris une participation en 2023 dans l’hôtel des ventes Drouot).
Dans le même temps, Culturespaces poursuivait son désengagement, libre ou contraint (mais le plus souvent contraint), des sites patrimoniaux au profit de ses activités dites des « centres d’art immersif ». Après avoir perdu la gestion des villas Ephrussi (Saint-Jean-Cap-Ferrat) et Kérylos (Beaulieu-sur-Mer), puis des trois sites de Nîmes (dont la Maison carrée), il est empêtré dans un procès sans fin concernant la gestion du château des Baux-de-Provence et des Carrières des Lumières toutes proches.
Le château a disparu de son portefeuille de sites, et le futur de la gestion des Carrières dépend aujourd’hui de la justice. Bruno Monnier a d’ailleurs été condamné à six mois de prison avec sursis pour recel de favoritisme dans cette affaire. Culturespaces avait un temps géré les expositions du Musée Maillol à Paris (de 2015 à 2020) avant qu’Olivier Lorquin, son directeur, ne se tourne vers la société Tempora. Pionnier dans son secteur, Culturespaces a progressivement vu émerger des concurrents de plus en plus sérieux : Kléber-Rossillon, Tempora, Edeis… Ne reste plus aujourd’hui à Culturespaces ces pépites que sont le Musée Jacquemart-André à Paris (qui appartient à l’Académie des beaux-arts) et l’hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, qui lui appartient en propre.
Ce désengagement s’explique aussi par le phénoménal succès des « centres d’art numériques » en France et dans le monde. Culturespaces en possède aujourd’hui neuf, avec des modèles de gestion différents. Ce réseau lui permet d’amortir les coûts de conception des expositions immersives et de les faire tourner dans ses différents lieux. Les marges financières sont autrement plus élevées dans cette activité que dans celle de la gestion de lieux patrimoniaux. Culturespaces a dégagé un bénéfice de 2,5 millions d’euros en 2021 et 2022 pour un chiffre d’affaires de près de 50 millions d’euros en 2022. Pas étonnant que l’entreprise suscite l’intérêt des fonds d’investissement. En principe, ceux-ci sont supposés maximiser la profitabilité en ouvrant d’autres centres immersifs, avant de revendre leurs parts d’ici à 2027/2029, espérant empocher au passage une confortable plus-value.
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Aurélien Bosc à la présidence de Culturespaces
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°647 du 17 janvier 2025, avec le titre suivant : Aurélien Bosc à la présidence de Culturespaces









