Une étude britannique dénonce la baisse d’expertise du personnel des musées et galeries du Royaume-Uni

Par Julien Rocha · lejournaldesarts.fr

Le 2 octobre 2013 - 566 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [02.10.13] – Les résultats de l’étude annuelle menée par la Museums Association du Royaume-Uni dénoncent les conséquences de la diminution des subventions publiques accordées aux institutions muséales, entraînant notamment la diminution du personnel qualifié au profit de stagiaires et de bénévoles moins adaptés aux impératifs de conservation des collections.

La Museums Association (MA), plus ancienne organisation regroupant les professionnels de musées, du patrimoine culturel et des galeries d’art du Royaume-Uni, a publié les résultats de son étude annuelle sur les changements survenus dans le milieu culturel et leurs impacts dans les institutions participantes. Il en ressort une importante perte de spécialisation du personnel au profit de stagiaires et de volontaires non qualifiés.

Cette étude, qui a concerné la période comprise entre juillet 2012 et juillet 2013, a été intitulée Museums Association’s Cuts Survey 2013 : elle évoque en effet majoritairement les conséquences de la baisse du financement de l’Etat aux institutions muséales et patrimoniales. Ainsi, 49 % des 124 établissements participants à l’enquête ont subi des coupes budgétaires dues à la baisse des subventions publiques. Parmi eux, 23 % affirment avoir eu un budget réduit de plus de 10 % par rapport à l’année précédente.

Ces restrictions se sont traduites du point de vue humain par de nombreux licenciements du personnel qualifié comme les conservateurs (37 % des institutions se sont dites concernées), qui ne sont remplacés que par des stagiaires et des volontaires dans près de la moitié des cas (47 % des institutions affirment être dans cette situation). Le risque qui se pose alors est la perte des compétences dans la conservation et l’étude des collections. « Le service ne sera plus capable de maintenir ses normes et nous allons repasser aux niveaux d’expertise et de travail des années 1950 », s’inquiète un responsable d’un musée local de Wales près de Rotherham en Angleterre du Nord.

Selon Mark Taylor, le directeur de la Museums Association, l’accroissement de ces postes peu ou pas payés favoriserait également à terme la perte de la diversité des employés : « Seuls les jeunes gens les plus aisés pourront se permettre de travailler sans rien gagner, surtout dans les villes chères comme Londres ».

Dans ce contexte, de nombreux espoirs se sont portés sur la générosité publique et notamment des grands mécènes, du fait d’un plan gouvernemental destiné à faciliter la philanthropie. Or, seulement 28 % des musées qui ont participé à l’étude ont enregistré une hausse de revenus provenant des dons individuels. « Le potentiel [de cette source de financement] apparaît limité dans de nombreuses régions du Royaume-Uni et pour de nombreux domaines muséaux » a déclaré Mark Taylor à nos confrères de la BBC. « Les efforts philanthropiques ne pourront jamais se substituer à la perte du financement public ». Ce à quoi le ministère de Culture, des Médias et du Sport a répondu que les dons ont vocation à « compléter et non pas remplacer les subventions publiques », engageant les institutions à réfléchir à d’autres formes de génération de revenus.

L’enquête a également révélée que les réductions budgétaires avaient obligé les établissements à réduire d’un quart le nombre de leurs expositions temporaires, et 28 % d’entre elles ont aussi été contraintes de réduire leurs offres culturelles gratuites. Selon Mark Taylor, les conséquences ont impacté la visibilité des musées auprès des publics de non-amateurs, mais aussi auprès du secteur éducatif, puisque les visites scolaires ont diminué chez 31 % des musées concernés.

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David Anderson - Président Museums Association - source www.museumsassociation.org

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