François Hollande esquisse son programme pour la Culture

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 24 janvier 2012 - 511 mots

PARIS [24.01.12] – Dans un mélange de réalisme prudent et de grandes ambitions, le candidat à la présidentielle a commencé à avancer quelques pistes de son programme pour la Culture. Ses propositions vis-à-vis d’Hadopi étaient très attendues.

C’est moins dans son discours du Bourget, dimanche 22 janvier, que dans celui de Nantes du 19 janvier, à l’occasion des Biennales internationales du spectacle, que François Hollande a esquissé ce qui sera son programme pour la Culture. Cela s’imposait, car comme le candidat à la présidentielle le soulignait lui-même, jusqu’à présent la gauche n’a pas « suffisamment parlé de la Culture dans ses programmes ».

Pour autant, François Hollande a plus avancé des pistes et des thèmes que formulé des propositions concrètes. Soulignant que « l’État assure aujourd’hui moins du quart du financement public de la Culture », il a tenu à affirmer sa volonté d’un réengagement de l’État dans ce domaine, tout en appelant à « une nouvelle étape de la décentralisation culturelle », s’agissant de l’aménagement « des territoires oubliés ».

Il a repris à son compte une opinion qui commence à faire son chemin, selon laquelle il faudrait faire une pause dans la construction de nouveaux équipements culturels. Est ainsi visée, sans qu’il la nomme, la Maison de l’histoire de France chère à Nicolas Sarkozy. Mais s’il promet plus de moyens pour faire fonctionner les équipements existants, cela devrait se faire à budget constant du ministère. Refusant la surenchère de son ex-rivale aux primaires du PS, Martine Aubry, qui avait promis une hausse de 50 %, il préfère « sanctuariser » le budget du ministère de la Culture, reprenant (sans le savoir ?) l’expression de l’actuel titulaire du poste.

L’éducation artistique est l’une de ses priorités. Il envisage à cet égard, « un plan national, piloté par une instance interministérielle, dotée d’un budget propre, rattachée au Premier ministre ».

Tout le monde attendait le candidat sur la loi Hadopi. Coincé entre les créateurs, qui attendent de l’État qu’il lutte contre le piratage et les jeunes internautes qui font de la suppression de la loi un marqueur de la campagne, le candidat du PS a habilement annoncé le « remplacement » de la loi, renvoyant les parties vers une forme de concertation, qui s’annonce délicate tant les intérêts entre pirates et créateurs sont opposés. À moins de trouver une nouvelle source de financement en taxant les fournisseurs d’accès à internet et les fabricants de matériels, comme il le suggère ? Il n’est pas sûr que les recettes issues d’une taxe de 2 à 4 euros, comme cela a été évoqué par la suite, en contrepartie d’un droit de copie (illimité ?) des films et albums musicaux (anciens et récents) puissent contenter les producteurs/créateurs.

François Hollande a enfin regretté l’affaiblissement de l’action culturelle française à l’étranger, pour mieux souligner son engagement en la matière, sans pour autant le chiffrer.

Cette référence au réseau culturel à l’étranger signale bien la contribution d’Olivier Poivre d’Arvor, ex-patron de CulturesFrance, dans le discours de Nantes. Plusieurs propositions de François Hollande figurent en effet dans l’ouvrage que l’actuel directeur de France Culture vient opportunément de publier (Culture, état d’urgence, Editions Tchou).

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François Hollande - © photo Jackolan1 - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0 

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