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Italie : deuxième appel à candidatures de directeurs de musées ouvert aux étrangers

Par Marie-Colombe de Mazières · lejournaldesarts.fr

Le 28 juin 2016 - 839 mots

ITALIE

ROME (ITALIE) [28.06.16] – Un an après une première campagne de recrutement de directeurs de grands musées italiens ouverte aux étrangers, le ministère des biens et activités culturels et du tourisme lance un second appel à candidatures : neuf postes sont à pourvoir d’ici la fin de l’année.

Une deuxième vague de recrutement de directeurs d’importants musées italiens a été lancée le 27 mai par le ministère des biens et activités culturels et du tourisme. La procédure, ouverte aux candidats étrangers, devrait être menée à son terme d’ici le 31 décembre.

Cette campagne, peu médiatisée, succède à une première, débutée en janvier 2015 et conclue en août par la nomination de vingt nouveaux directeurs de musées, dont sept Européens non-italiens ; campagne dont le caractère inédit avait alors fait grand bruit, en particulier dans les pays d’origine des nouveaux directeurs.

Parmi les sept nouveaux visages dans le paysage muséal italien, on comptait trois Allemands, deux Britanniques, autant d’Autrichiens, ainsi qu’un Français, Sylvain Bellenger. Ancien directeur et conservateur en chef du château de Blois, passé par le Cleveland Museum of Art, l’Art Institute de Chicago et l’INHA, celui-ci avait pris la tête du Musée de Capodimonte à Naples. Les nominations d’Eike Schmidt aux Offices et de Cecilie Hollberg à la galerie de l’Académie à Florence avaient également été fort remarquées.
Le ministre italien de la culture M. Franceschini s’en était félicité par ces mots : « une page est tournée ».

Un profil d’entrepreneur
Dans le nouvel appel, après une entrée en matière qui indique bien la volonté d’ouverture (« Tous les individus intéressés, tant italiens qu’étrangers, peuvent se porter candidats. »), se dessine un profil plus précis : l’accent est fortement mis, hormis le chapitre des qualifications académiques, sur les compétences en matière de « management ». Il est requis de posséder une expérience solide non seulement dans la conservation du patrimoine, mais encore dans « la planification d’activités, les ressources humaines, le management financier et de capital ». Plus significative encore est l’exigence explicite d’une « expérience dans la conception et la réalisation de projets de communication » ainsi que « de levées de fonds ». En effet, le gouvernement entend accroître la part du mécénat dans le financement des musées, faute d’augmentation des subsides publics.
On peut également relever l’exigence de multilinguisme, puisque le ministère demande aux candidats la « connaissance » de l’italien comme « d’autres langues ».

Quant aux salaires proposés, ils correspondent à la limite basse de ceux accordés aux candidats de l’an passé – qui avaient reçu la direction de « super » musées de « premier » ou de « second rang » : 78 000 euros brut par an, soit plus du double du salaire moyen d’un conservateur du patrimoine français, d’environ 38 200 euros, mais bien moins par exemple que celui du directeur du British Museum, atteignant 180 000 £ en 2010 selon BBC News.

Si les postes à pourvoir sont moins nombreux que lors de la première vague - neuf au lieu de vingt, les musées concernés demeurent prestigieux et regroupent pour certains de nombreuses institutions. Citons par exemple le complexe monumental de Pillota à Parme, qui comprend une bibliothèque, une galerie et un musée archéologique nationaux ainsi qu’un théâtre ; le parc archéologique des Champs Phlégréens à Naples et celui d’Ostie à Rome ; enfin les Villas d’Hadrien et d’Este à Tivoli, réunies sous une direction commune.

Les candidats sont invités à porter leur choix sur une institution qui corresponde précisément à leur profil et dont ils fassent preuve d’une connaissance approfondie. S’ils décident de se porter candidat à la direction de plusieurs musées, ils doivent impérativement établir un ordre de préférence.

Les candidatures sont à envoyer via Internet. Elles comprennent, outre un CV détaillé et des papiers d’identité, une brève lettre de motivation en bilingue Italien-Anglais et des certificats d’authenticité des données rapportées. En revanche, nulle mention n’est faite des mesures de confidentialité qui s’imposent pourtant dans une telle procédure : pour espérer des candidatures de directeurs de musées de haut niveau, il serait de mise que le ministère italien les assure que leur démarche ne puisse pas être ébruitée sans leur accord.

Une présélection, de dix candidats au maximum pour chaque musée, sera établie par un jury mandé par le ministère et dont les membres ne sont pas nommés dans l’appel. A l’issue d’entretiens qui se dérouleront au mois de novembre, trois candidats seront retenus pour chaque institution et présentés à la Direction Générale des Musées, qui devrait publier son choix avant la fin de l’année.

En France, le nombre de conservateurs étrangers est quasi nul. Il est en effet de règle, à de très rares exceptions près, que seuls les conservateurs du patrimoine, formés à l’Institut national du Patrimoine, accèdent à la tête de départements ou de musées. Or le diplôme demeure l’apanage quasi exclusif de Français – en raison notamment de la maîtrise parfaite des lettres françaises exigée au concours de l’Institut national du patrimoine, ouvert depuis 2005 seulement aux candidats de l’Union européenne.

Légendes photos

Le Palais Neuf, l'un des deux bâtiments qui constituent les musées du Capitole à Rome- © Photo Jastrow - 2006 - Photo sous Licence Domaine public CC0 1.0

Galerie des Offices à Florence © Photo Samuli Lintula - 2006 - Licence CC BY-SA 3.0

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