Mécénat

La Tate condamnée par la justice à révéler les détails de son partenariat avec la compagnie BP

Par Séverine Petit · lejournaldesarts.fr

Le 26 décembre 2014 - 404 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

LONDRES (ROYAUME-UNI) [26.12.14] – Dans un procès opposant la Tate à des militants écologistes, la justice britannique a sommé l’institution de dévoiler les détails d’un partenariat controversé avec la compagnie pétrolière BP entre 1990 et 2006.

Dans le cadre d’un procès intenté par des militants écologistes de l’organisation Platform, un tribunal anglais spécialisé a condamné la Tate à rendre public les détails de son partenariat avec British Petroleum entre 1990 et 2006. L’institution, qui s’y refusait depuis trois ans, a désormais 35 jours pour se plier à la décision de justice.

La bataille juridique entre les militants de la cause environnementale et la Tate aura duré plusieurs années. Débutée dans le cadre d’une campagne de communication dénonçant le mécénat de la compagnie pétrolière auprès d’institutions culturelles, elle a atteint son paroxysme lorsque la Tate a renouvelé son accord avec BP en 2011. En effet, au moment de l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique, Nicholas Serota acceptait une reconduction du partenariat à hauteur de 500 000 livres sterling sur cinq ans expliquant qu’il ne fallait pas « abandonner [ses] amis parce qu’ils semblaient avoir des difficultés passagères ». C’est ainsi que la Tate Modern s’est vue offrir une éolienne et que la Tate Britain a été le lieu de l’exhibition d’un manifestant nu couvert de pétrole.

Dans sa décision, la justice explique que la Tate a été « capricieuse » et « dans l’erreur » en ce qui concerne son interprétation du Freedom of Information Act, en ne révélant pas les détails de son accord avec BP, qui correspond à environ 0,5% de son budget. L’institution s’est défendue en expliquant que cela pourrait avoir un effet négatif sur ses relations avec la compagnie pétrolière autant qu’avec l’ensemble de ses partenaires, actuels ou potentiels, mettant ainsi en danger son financement. Elle explique que si elle a été condamnée, c’est avant tout pour avoir été rigoureuse.

Anna Galkina, la porte-parole du groupe écologiste Platform a tenu à rappeler que « l’accord de mécénat de la Tate fournit à BP une vénérable respectabilité alors qu’en réalité elle saccage le climat et est impliquée dans une série de controverses concernant l’environnement et les droits de l’homme partout sur la planète. » Selon elle, BP miserait une grande partie de son image sur le mécénat culturel dans le but de se rendre bien plus indispensable aux yeux du public qu’elle ne le serait en réalité.

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Richard Tuttle, installation de I don't know. The Weave of Textile Language dans le Turbine Hall de la Tate Modern - novembre 2014 - photo Ludosane

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