AVRANCHES
Disparu à la Révolution, un précieux manuscrit du Mont Saint-Michel, réapparu en 2018, est retourné en juin 2025 au Scriptorial d’Avranches où il sera présenté aux visiteurs jusqu’en octobre.
Le 27 juin 2025, le maire d’Avranches, David Nicolas, s’est vu remettre par le ministère de la Culture, représenté par Nicolas Georges, directeur chargé du livre et de la lecture, un manuscrit disparu du Mont Saint-Michel. L’œuvre, redécouverte, a été restaurée et numérisée en 2023 avant d’être restituée à la ville le mois dernier.
Ce manuscrit, rédigé entre le XIIe et le XIIIe siècle, était conservé à la bibliothèque du Mont Saint-Michel jusqu’en 1791. À la Révolution française, les biens religieux ayant été déclarés biens nationaux, les manuscrits de l’abbaye, dont celui-ci, furent transférés à Avranches, où ils sont toujours conservés. Le document figure dans l’inventaire de 1795 établi par Pierre François Pinot-Cocherie, avocat de la ville, qui y répertorie plus de 4 000 volumes. Mais en 1834, il n’apparaît plus dans l’inventaire réalisé par Castillon de Saint-Victor. Les experts estiment que la disparition a eu lieu entre 1795 et 1801.
En 2018, le manuscrit réapparaît dans le catalogue d’une vente aux enchères à Alençon, estimé à 50 000 €. Des chercheurs de l’université de Caen et de la Bibliothèque nationale de France (BnF) identifient le style caractéristique du Mont Saint-Michel ainsi que sa cote. Le ministère de la Culture engage alors une procédure de revendication. Le 4 juin 2020, le tribunal administratif de Paris reconnaît que l’ouvrage appartient à l’État. Il est restitué en mars 2023. Le maire d’Avranches, David Nicolas, a déclaré : « Cela montre qu’un patrimoine national disparu, même depuis très longtemps, reste imprescriptible et doit revenir dans les collections publiques ».
Le manuscrit se compose de deux parties : l’une, écrite à l’abbaye du Mont Saint-Michel au XIIe siècle ; l’autre, au XIIIe siècle, par des étudiants parisiens. Il réunit des textes variés, destinés à l’enseignement, tels qu’une prose consacrée à Saint Aubert, évêque d’Avranches, un traité de musique, et deux récits à portée philosophique et poétique.
Saint Aubert, évêque d’Avranches, est considéré comme le fondateur de l’abbaye du Mont Saint-Michel, à la suite d’une vision de l’archange Michel. L’abbaye devient, au Moyen Âge, un centre religieux et intellectuel de premier plan, en partie grâce à sa bibliothèque, édifiée à la fin du Xe siècle par l’abbé Maynard. Celle-ci contenait une majorité de textes sacrés, mais aussi des traités de musique, d’astronomie, des ouvrages juridiques, et des textes d’auteurs antiques tels que Platon ou Socrate. Entre 1050 et 1080, 33 manuscrits y sont copiés, contribuant à la réputation du Mont comme « Cité des livres ».
Aujourd’hui, la bibliothèque patrimoniale d’Avranches conserve plus de 1 000 manuscrits en 200 volumes issus de l’abbaye, sur un fonds total de 31 000 volumes. Chaque année, 48 d’entre eux sont exposés par roulement au Scriptorial – 12 par trimestre. Ce musée, ouvert en 2006, est le seul en France à exposer majoritairement des manuscrits médiévaux, notamment dans la Salle du trésor. Le manuscrit restitué y est visible jusqu’au 11 octobre. Le musée conserve également des objets archéologiques, des œuvres picturales et des objets d’art sacré.
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Un trésor du Mont Saint-Michel retrouvé après deux siècles d’errance
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