Musée

Marseille-Provence 2013

Un « Plan Musées » local

Longtemps oubliés, les musées marseillais vont enfin être rénovés

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2012 - 768 mots

MARSEILLE [03.02.12] - En matière de musées, dire que la capitale européenne de la culture aura été un « accélérateur de projet », selon l’expression consacrée localement, tient presque de l’euphémisme.PAR SOPHIE FLOUQUET

Car avant 2013, malgré un parc d’une douzaine d’établissements municipaux jadis prestigieux, Marseille était en passe d’être rayée de la liste des villes de musées, pour le plus grand bonheur de la rivale Aix-en Provence, dont le Musée Granet attirait de fait toutes les grandes expositions. « Nous avons commencé par rénover nos écoles plaidait encore au printemps dernier Daniel Hermann, adjoint à l’action culturelle et aux musées. Mais 80 millions d’euros ont été depuis investis dans les musées. »

Son fleuron, le Musée des beaux-arts et ses 8000 numéros d’inventaire, hébergés dans une aile du Palais Longchamp, était ainsi désespérément fermé depuis 2005. Grâce à Marseille 2013 mais aussi au « Plan Musées » du ministère de la Culture, il rouvrira enfin en 2013 après des travaux finalement menés a minima. Ceux-ci permettront toutefois une remise aux normes et une rénovation de la verrière, l’essentiel des dépenses portant sur le monument historique, construit par Henri Espérandieu. En centre-ville, son prolongement moderne, le Musée Cantini, bénéficiera lui aussi d’une mise aux normes complète. De quoi tenter de faire oublier le fâcheux vol d’un pastel de Degas prêté par le Musée d’Orsay, en 2009, au sein de ce même établissement. Plus éloigné du centre-ville, le Musée d’art contemporain (Mac) restera, quant à lui, le grand laissé-pour-compte de l’opération.

Du simple rafraîchissement à la transformation
Du côté de la Canebière, le passionnant Musée d’histoire de Marseille, adossé à un centre commercial et surtout au Jardin des vestiges du Port antique, sera donc le seul musée à bénéficier d’une refonte totale, dans le cadre d’un projet à 21 millions d’euros mené sous la houlette de l’incontournable architecte marseillais Roland Carta. Sa muséographie était auparavant restée « dans son jus » depuis l’ouverture des lieux, en 1983. Un autre grand projet permettra aussi la réouverture d’un lieu en voie d’oubli après dix ans de fermeture : le château Borély, qui sera quant à lui dédié aux collections d’art décoratif et de mode, dans une muséographie confiée à l’agence Moatti-Rivière. Mais les regards seront inévitablement rivés vers le grand événement : l’ouverture du Musée des civilisations pour l’Europe et la Méditerranée MuCEM, qui ne se fera pas avant le mois de mai, après des années de turpitudes. Premier musée national à avoir été décentralisé, l’ancien musée national des arts et traditions populaires (MNATP) du Bois de Boulogne aura donc été entièrement refondu à Marseille en un Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM).

Un arbitrage récent du ministre de la Culture a toutefois permis d’en sauver la présentation, au sein du Fort Saint-Jean, des collections de société issues du MNATP, vouées initialement à rester en réserve. Sauvé par la capitale européenne, ce nouveau mastodonte national constituera désormais la nouvelle tête de pont de l’équipement muséal phocéen. Mais si le MuCEM a tissé sans peine des liens avec des musées méditerranéens, le dialogue semble encore difficile à établir avec les musées municipaux. Ceux-ci ont toutefois échappé au pire. Il y a encore peu de temps, l’État aurait bien aimé se délester d’une partie du coût de fonctionnement de son musée auprès des collectivités, par le biais de la création d’un établissement public de coopération culturelle (EPCC). Les élus locaux ont sagement refusé ce cadeau empoisonné. Bien leur en a pris : le budget de fonctionnement du Mucem est d’ores et déjà estimé à 25 millions d’euros.

Un coup de pouce pour Vasarely à Aix

Trente-cinq ans après son inauguration, en 1976, la Fondation Victor Vasarely d’Aix-en-provence va faire l’objet d’un important chantier de rénovation, le seul concernant une fondation privée éligible au « Plan Musées » du ministère de la Culture. « Depuis vingt ans, le bâtiment n’était ni chauffé ni climatisé » souligne Pierre Vasarely, petit-fils de l’artiste et président du conseil d’administration de la fondation. Inscrit au titre des monuments historiques depuis 2003, ce bâtiment typique de l’architecture des Trente Glorieuses sera restauré sous la direction d’un trio d’architectes, Jacques Repiquet, Marc Barani et Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques. Un projet d’extension, non financé, est également dans les cartons. La fondation pourra ainsi rouvrir au printemps 2013 et faire à nouveau parler d’elle pour de bonnes raisons, après vingt ans de procédures judiciaires autour du patrimoine de la fondation – en grande partie dispersé –, soldées en septembre 2011 par un jugement en appel reconnaissant Pierre Vasarely comme légataire universel de l’œuvre de son grand-père.

Lire les autres articles de notre rubrique Grand-Angle consacrée à Marseille-Provence 2013 (JdA 362, 3 février 2013) :

- Marseille maintient le cap sur 2013

- Les grands chantiers de la cité phocéenne

- Commande artistique

Légende Photo :
Palais Longchamp, Marseille - © photo Georges Seguin - 2006 - Licence CC BY-SA 3.0

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Un « Plan Musées » local

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque