Musée

Un chercheur conteste l’attribution du Salvator Mundi à Léonard de Vinci

Par Elise Kerner-Michaud · lejournaldesarts.fr

Le 16 août 2018 - 367 mots

OXFORD / ROYAUME-UNI

Un universitaire affirme que le tableau vendu 450 millions de dollars serait principalement de la main de Bernardino Luini.

Léonard de Vinci (1452-1519), <em>Salvator Mundi</em> (sauveur du monde), circa 1500, détail.
Léonard de Vinci (1452-1519), Salvator Mundi (sauveur du monde), circa 1500, détail.

Pour Matthew Landrus, le Salvator Mundi considéré comme une œuvre de Léonard de Vinci serait en réalité de la main de Bernardino Luini, probable élève du maître italien. Le chercheur de l’université d’Oxford estime qu’au moins 80% du tableau ont été peints par Luini dont il reconnait le style dans les drapés qu’il compare à ceux du Christ entouré de médecins, autre toile du même artiste. 

Matthew Landrus précise dans une interview accordée à CNN que Léonard de Vinci est certainement à l’origine du dessin initial et que les touches finales sont de sa main. Il ajoute cependant que « nous avons tendance à penser que tout est noir ou blanc en matière d’attribution alors que cela ne correspond absolument pas à la tradition qui repose sur l’aide d’un studio ».
 
Pour un tableau vendu 450 millions de dollars (394 millions d’euros), la question demeure importante et les déclarations de Matthew Landrus font réagir. Selon le site Antiques trade gazette, Christie’s, qui a organisé la vente l’an dernier, réfute cette analyse et rappelle qu’un large consensus permet d’attribuer l’œuvre à Léonard de Vinci. De son côté, Martin Kemp, chercheur et spécialiste du maître italien, a annoncé qu’il apporterait des preuves confirmant l’attribution à Léonard dans un ouvrage collectif à paraître l’an prochain. 

L’histoire du tableau n’en est pas à ses premiers rebondissements puisque lorsqu’il est acquis en 1900 par Charles Robinson, ce dernier pense être en possession d’une œuvre de Bernardo Luini. Vendue pour 45 livres (l’équivalent actuel de 127 euros) en 1958, la toile disparaît pendant de longues années avant de refaire surface sur le marché américain. Très restaurée en 2010, l’œuvre est examinée par plusieurs groupes d’experts américains et anglais avant d’être présentée comme un Léonard, dans une exposition majeure consacrée au maître par la National Gallery  à Londres.

Les doutes ont ainsi toujours accompagné l’histoire connue du tableau, et paraissent suffisamment légitimes pour rendre de nombreux experts prudents. Charles Hope, spécialiste de la Renaissance italienne admet des singularités, tandis que Vincent Delieuvin, à la tête du département de peinture italienne du XVIe siècle au Louvre, préfère ne pas commenter la situation. 

Thématiques

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque