Ventes aux enchères

Record mondial pour Léonard de Vinci

Un « Salvator Mundi » disputé avec ferveur

Le tableau attribué à Léonard de Vinci est aujourd’hui le plus cher jamais vendu. Son histoire n’est pas banale.

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 29 novembre 2017 - 382 mots

Adjugé 450,3 millions de dollars, à grand renfort de marketing, le Christ attribué au maître de la Renaissance est devenu le tableau le plus cher au monde. Un trophée pour « ultra-riche » dans des ventes de New York marquées par le retour de la confiance des acheteurs.

Estimé 100 millions de dollars, le tableau du maître de la Renaissance a pulvérisé tous les records. Adjugé au téléphone à 450,3 millions de dollars (380,8 M€), à un acheteur anonyme et après une bataille d’enchères de dix-neuf minutes, il est devenu le tableau le plus cher jamais cédé aux enchères, détrônant Les Femmes d’Alger, de Picasso (mai 2015, 179,3 M$).

Christie’s, à grand renfort de marketing, a eu raison d’inclure ce tableau ancien dans sa vente d’art contemporain – en le rapprochant judicieusement de Sixty Last Suppers de Warhol. Une manière de toucher les plus riches collectionneurs à la recherche de trophées.

L’histoire de ce « Sauveur du monde », peint vers 1500, est à rebondissements. Peut-être commandé par Louis XII, le tableau a ensuite appartenu à la couronne d’Angleterre, avant de disparaître pour réapparaître à la fin du XIXe siècle, en ayant perdu son attribution à Léonard. En 1958, la toile est vendue pour 45 livres sterling chez Sotheby’s lors de la dispersion de la collection Cook. En 2005, intrigués, trois marchands dont Robert Simon acquièrent le tableau aux enchères. Il est ensuite formellement attribué à Léonard de Vinci.

En 2013, le marchand d’art genevois Yves Bouvier leur achète le tableau en vente privée et le revend au milliardaire russe Dmitri Rybolovlev pour 127,5 millions de dollars. Apprenant dans la presse que les vendeurs ont reçu près de 50 millions de dollars de moins que le prix d’achat, ce dernier commence alors à douter de l’intégrité d’Yves Bouvier (inculpé en février 2015 pour escroquerie). « Rybolovlev a mis en vente ce tableau pour faire constater que sa confiance avait été trahie en le surpayant. Or là, sa démonstration tombe à l’eau », rapporte un connaisseur du marché. Yves Bouvier se frotte les mains. « La preuve est faite, le tableau a été adjugé pour près de trois fois le prix auquel je l’avais cédé à Dmitri Rybolovlev », a déclaré le marchand au quotidien suisse Le Temps après la vente. Son avocat invite le milliardaire à retirer sa plainte.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°490 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Un « Salvator Mundi » disputé avec ferveur

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