STRASBOURG
Fermé pendant six ans, le musée présente un nouveau parcours enrichi et plus en phase avec les enjeux actuels.

Strasbourg (Bas-Rhin). L’immersion est immédiate. Dans l’atrium, des sons animaliers résonnent au loin, tandis qu’il suffit de lever les yeux pour découvrir un impressionnant squelette de baleine suspendu et une multitude de spécimens naturalisés. En décloisonnant ce hall sur trois étages, l’agence d’architecture Freaks, maître d’œuvre du chantier, donne d’emblée corps à la nouvelle inflexion du Musée zoologique : un lieu plus aéré, modernisé dans son enveloppe comme dans son discours.
Lorsque le musée ferme en 2019, c’est pour entamer des travaux de grande ampleur. Son bâtiment de style néo-Renaissance nécessite d’être entièrement remis aux normes, et son parcours de visite, repensé. Deux ans plus tard (un retard dû au Covid-19), les travaux de gros œuvre débutent une fois l’ensemble des collections déménagées au pôle d’étude et de conservation des musées de la Ville. Rénovation énergétique, mise en conformité des conditions de sécurité et d’accessibilité, consolidation de certaines surfaces…
Surtout, la distribution des espaces intérieurs est révisée en profondeur : tout en préservant les parties historiques du bâtiment (façades, escaliers, parquets…), plusieurs cloisons sont supprimées et certains éléments sont déplacés, ce qui permet de gagner en surface d’exposition. Le parcours de visite s’en trouve presque doublé. Désormais, pas moins de1 800 spécimens se déploient sur 2 000 mètres carrés, certains déjà connus, d’autres tout droit sortis des réserves (qui en contiennent 1,2 million dont 900 000 insectes), tous dépoussiérés et restaurés pour l’occasion.

« Avant, c’était un musée de classification du XIXe siècle. Il y avait des dioramas, des parties plus anthropologiques, des espaces qui n’étaient plus ouverts au public… », détaille Samuel Cordier, le directeur du musée. Place donc à une muséologie « de concept » qui privilégie la trame narrative. L’enjeu consiste alors à doter le musée d’un réel parcours tout en conservant l’atmosphère du lieu. Un objectif rempli dès les premières salles, avec une évocation très réussie du cabinet d’histoire naturelle du médecin Jean Hermann (1738-1800), noyau des collections du Musée zoologique. Animaux naturalisés, spécimens en bocal, fossiles, plantes, minéraux se côtoient dans un bel agencement imaginé par Ducks Scéno. Plus loin, l’impressionnante galerie des oiseaux rassemble plusieurs centaines d’espèces, point de départ d’un parcours sur la classification du vivant. Schémas, cartes, vidéos explicatives et jeux à destination du jeune public ponctuent la visite. Dans un même souci pédagogique, sept salles « totems » se focalisent sur une pièce phare des collections, à l’instar d’un rare spécimen de cœlacanthe dans son aquarium. Parmi les incontournables, figure aussi une incroyable collection de Blaschka, unique en France, constituée de cinquante-huit modèles en verre filé reproduisant plantes et invertébrés marins, ici réunis pour la première fois.
Grande nouveauté, les trois grands espaces d’exposition semi-permanents (en plus d’une salle d’exposition temporaire) aménagés constituent le cœur du parcours et seront renouvelés dans quatre à six ans. D’ici là, l’un documente la diversité de l’écosystème rhénan, un autre le biotope de la baie de Sagami au Japon, tandis qu’un dernier renseigne sur l’étude des insectes en laboratoire. « Ces espaces permettront au musée d’évoluer au fil du temps, de rester en connexion avec les questions environnementales et sociétales. C’est essentiel d’accompagner les avancées de la recherche, pour éviter que le musée soit obsolète dans vingt ans », pointe Sébastien Soubiran, directeur du Jardin des sciences de l’université de Strasbourg. C’est à cette fin scientifique qu’ont aussi été aménagés des espaces dévolus aux ateliers et rencontres avec des chercheurs, qui peuvent également profiter d’une ostéothèque (qui abrite une collection d’ossements) et d’une salle pour consulter les spécimens.
La rénovation du musée s’inscrit elle-même dans le cadre du projet « Opération Campus » mis en place par l’État et qui vise à créer un pôle muséal sur le campus universitaire. Pour le Musée zoologique, un budget total de 18,5 millions d’euros a été mobilisé, financé à moitié par l’État et à hauteur de 20 % par la Ville. Un nouveau Planétarium avait déjà été livré en 2023. Le Musée de minéralogie, le Musée de paléontologie et le Musée de sismologie sont en cours de rénovation.
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À Strasbourg, un musée zoologique métamorphosé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°661 du 19 septembre 2025, avec le titre suivant : À Strasbourg, un musée zoologique métamorphosé









