Patrimoine

Séisme en Italie : le patrimoine culturel gravement endommagé dans la région d’Émilie-Romagne

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 22 mai 2012 - 554 mots

ITALIE

FINALE EMILIA (ITALIE) [22.05.12] – Le séisme de forte magnitude est survenu le 20 mai 2012 à 04H04 (02H04 GMT), dans la région de Modène et de Ferrare (nord-est de l'Italie). D’après le ministère des biens et activités culturels, la secousse et ses nombreuses répliques ont aussi provoqué « des dégâts importants au patrimoine culturel ».

L’AFP rapporte que le séisme, de magnitude 6, a malheureusement fait six morts et une cinquantaine de blessés, tandis que 5 000 personnes ont dû être déplacées. La secousse, enregistrée par l'institut national de géophysique à 5,1 km de profondeur, avait son épicentre à Finale Emilia, à 36 km au nord de Bologne dans la zone de Modène. Une vingtaine de secondes aura suffit à provoquer la destruction de nombreux joyaux architecturaux, alors que des dizaines de nouvelles secousses frappent la région depuis dimanche, amplifiant le désastre. Ainsi, la tour de l'horloge de Finale Emilia, qui a d’abord été brisée en deux sur toute la longueur, s'est complètement écroulée dimanche après-midi. Pour le maire de la ville, Fernando Ferioli, ce sont « mille années d'histoire qui disparaissent ». Dans le centre historique de Ferrare, classé au patrimoine mondial, des corniches calcinées gisent sur la place Savonarole, provenant probablement du château d'Este, alors que le cours Ercole I d'Este s'est écroulé et que l’église de Santa Maria in Vado a elle aussi été endommagée.

Dans la région de Bologne, la partie supérieure d'une tour du château de Galeazza s'est détachée, tandis que les briques des tours du Castello delle Rocche du XIIIe siècle se sont disloquées. La liste s’allonge encore avec les dommages sur de nombreux monuments historiques de la petite ville de San Felice, aux murs lézardés, et la destruction à San Carlo d’un oratoire du XVIe siècle, dont la restauration avait été entreprise depuis huit ans. Dans les villages et villes de la plaine d'Emilie-Romagne, les villas Art Nouveau, moins solides que les maisons modernes, n’ont pas résisté aux secousses.

Les responsables de la Protection civile ont déclaré que l’inspection des habitations étant prioritaire, « la reconstruction des églises ne vient qu'en deuxième position malheureusement ». Le ministère de la Culture a cependant dépêché des experts aux côtés des pompiers pour inspecter les monuments. Antonia Pasqua Recchia (un responsable au ministère) a expliqué que « L'état du patrimoine culturel dans cette zone est encore plus détérioré que ce que l'on peut constater à l'oeil nu ».

D’après Enzo Boschi, sismologue, Ferrare avait déjà subi « un séisme très important au quinzième siècle, dont on peut encore voir les traces ». En 2004, une carte des zones à risque du pays fût réalisée, et fit dire à Massimo Cocco, directeur de l'Institut national de géophysique et vulcanologie (INGV), que : « Même Rome et son centre historique sont susceptibles d'être endommagés par de modestes secousses ». Plus récemment, le séisme de L'Aquila, survenu dans les Abruzzes en 2009, avait causé la mort de 309 personnes, privé 80 000 habitants de leurs logements, et également détruit des édifices historiques de manière totale ou partielle. Les habitants avaient finalement été relogés dans la « nouvelle ville ». Le centre historique de L’Aquila était alors passé au second plan et de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer des retards et incohérences dans les projets de restauration du patrimoine historique et artistique.

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Une partie d'un plafond du Palazzo Ducale a été endommagé lors du séisme - Mantoue (Italie) - © Photo BMK - 2005 - Licence CC BY-SA 2.0

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