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Les bactéries au service de la conservation des œuvres

Par Elise Kerner-Michaud · lejournaldesarts.fr

Le 24 décembre 2018 - 411 mots

FERRARA/ ITALIE

Des chercheurs proposent d’utiliser des bactéries pour prévenir les dégradations que subissent les peintures.

bactérie Italie
Image microscopique de la bactérie Bacillus subtilis (ATCC 6633)
Photo Y tambe

Une équipe italienne de recherche de l’université de Ferrare a testé avec succès l’usage d’une bactérie pour contrer le développement d’autres micro-organismes responsables de la détérioration des œuvres. C’est ce qu’explique un article publié au début du mois dans la revue scientifique Plos One, où la microbiologiste Elisabetta Caselli expose ses recherches portant sur la restauration d’un Couronnement de la Vierge, peint en 1620 par Carlo Bononi.

L’œuvre exposée dans la Basilique de Santa Maria in Vado de Ferrare avait subi d’importantes dégradations lors du tremblement de terre de 2012. Décrochée pour être restaurée, la peinture s’est révélée infestée par divers organismes, probablement apportés par la présence de souris, pigeons et insectes dans l’église, et sources de destruction des pigments de couleur.

L’équipe d’Elisabetta Caselli, sous la supervision du conservateur Fabio Bevilacqua qui a co-écrit l’article, a prélevé des échantillons à la surface de l’œuvre, qui ont permis d’isoler plusieurs souches de bactéries et des champignons microscopiques présents dans les pigments. La chercheuse et clinicienne a alors réalisé des cultures de ces micro-organismes, qu’elle a ensuite mises en contact avec une bactérie appelée Bacillus, utilisée dans des traitements curatifs. La revue Scientific american rapporte les explications données par Elisabetta Caselli : « Bacillus est capable de contrer la croissance d’autres bactéries et champignons par compétition antagoniste et production de composés antimicrobiens ». En d’autres termes, cette bactérie utilisée par les chercheurs empêche le développement d’autres micro-organismes avec lesquels elle est en compétition pour sa propre survie.

Même si l’équipe signale que d’autres tests seront nécessaires pour s’assurer que cette bactérie ne représente pas elle-même un danger pour les œuvres, ces conclusions permettent d’envisager de nouvelles techniques de préservation. Elisabetta Caselli précise que « les composés de Bacillus pourraient être appliqués dans une solution pour protéger la surface des attaques de microbes potentiellement dangereux ».

Le recours aux bactéries pour la préservation et la restauration des œuvres d’art n’est pas tout fait une première. En France, le Laboratoire de recherche des monuments historiques avait développé, en collaboration avec l’Université de Nantes, un procédé pour lutter contre la décalcification de la pierre des monuments. Mais la plupart des espèces de bactéries demeurent néanmoins des ennemis de la peinture, comme en témoignent les nombreux exemples d’art pariétal menacé par l’ouverture des grottes ou la présence de visiteurs. De tels phénomènes expliquent, en grande partie, la nécessaire fermeture de sites comme celui de Lascaux ou d’Altamira.

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