Église - Restauration

PATRIMOINE

Rentrée plombée pour Notre-Dame

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2019 - 565 mots

PARIS

Les autorités prennent enfin la mesure de la pollution au plomb provoquée par l’incendie de la cathédrale. Le chantier a été interrompu tandis que les lieux environnants sont contrôlés.

Cathédrale Notre-Dame de Paris, le 31 août 2019 - Photo Ludosane
La Cathédrale Notre-Dame de Paris, le 31 août 2019.
© Photo Ludosane

Paris. Du 25 juillet au 19 août, le chantier de consolidation de la cathédrale Notre-Dame de Paris a été mis à l’arrêt : le préfet de la région d’Ile-de-France, Michel Cadot, a suspendu les travaux à la suite d’un rapport de l’inspection du travail pointant des failles dans les règles de précaution sanitaires. En cause, les 400 tonnes de plomb qui ont pris feu le 15 avril et sont retombées sous forme de poussières sur le site et aux alentours, sur un périmètre incertain.

Jusqu’à la mi-juillet, la préfecture de police de Paris, l’agence régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France et la Mairie de Paris avaient semblé sourdes aux inquiétudes des riverains et des associations quant à une possible contamination au plomb à la fois du chantier, des rues environnantes et des arrondissements voisins. Le 27 avril, la préfecture conseillait simplement aux riverains de « procéder au ménage de leur habitation ou local et de leurs meubles et objets, à l’aide de lingettes humides pour éliminer tout empoussièrement ». Au début de l’été, la publication des résultats des analyses pratiquées par l’ARS, révélées par le site Mediapart, et le passage de l’inspection du travail sur le chantier de la cathédrale ont forcé les autorités à prendre des mesures sanitaires drastiques.

Création d’un collectif

Durant les trois semaines d’arrêt du chantier de la cathédrale, la direction régionale des Affaires culturelles (Drac) d’Ile-de-France a dû mettre en place les mesures sanitaires nécessaires, incluant le passage par des douches, le port de tenues jetables, une entrée unique. Il s’agit à la fois de garantir la sécurité des ouvriers et d’empêcher la dispersion de poussières potentiellement contaminées.

Depuis juillet, la Ville de Paris est aussi sur le pont puisque relèvent de sa compétence treize écoles, douze crèches et onze logements d’assistantes maternelles situés dans le périmètre défini par l’ARS. D’autant qu’en matière d’intoxication au plomb, les enfants en bas âge sont les plus susceptibles d’êtres contaminés par contact avec le sol. Durant l’été, trois écoles ont présenté des taux supérieurs au seuil sanitaire, entraînant la fermeture de deux centres de loisirs et un nouveau bitumage pour une cour d’école, en plus du nettoyage profond de toutes les écoles du périmètre. « Tous les taux de plomb sont en dessous des seuils sanitaires », affirmait le 27 août Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la Mairie de Paris. Le lendemain, un troisième cas de saturnisme (taux de plomb dans le sang trop élevé) était décelé chez un enfant parmi les 175 à être testés fin juillet.

Face à toutes les questions sanitaires et environnementales posées par la présence du plomb en plein cœur de Paris, riverains, associations et syndicats se sont regroupés dans un collectif. En tête de file, l’association Robin des Bois a déposé une plainte contre X… notamment pour mise en danger de la vie d’autrui. Le collectif a demandé que le chantier de Notre-Dame soit mis sous cloche, un projet retoqué par les autorités début août.

Si l’ARS a donné son feu vert pour les écoles publiques du périmètre, cinq écoles relevant de l’enseignement privé ont vu leur rentrée différée, faute d’avoir fait l’objet d’analyses complètes.

Le résultat des analyses de contamination des établissements scolaires et des crèches est disponible sur le portail paris.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°528 du 6 septembre 2019, avec le titre suivant : Rentrée plombée pour Notre-Dame

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