Quand la presse américaine s’inquiète du sort d’un musée français peu connu

Le journal américain StarTribune s’est ému de la situation que rencontre actuellement le petit musée privé de l’Eventail, associé à un atelier de fabrication et de restauration d’éventails à Paris (10e arrondissement). Débiteur d’une dette de 117 000 euros d’arriérés de loyer, l’atelier-musée se trouve dans l’obligation de solder ce qu’il doit à son propriétaire, lequel l’a menacé de saisir sa collection en guise de paiement.

Conséquence de la propagation de la Covid-19 à travers le pays, la fermeture des lieux culturels a privé le musée de l’essentiel de ses recettes tirées de la billetterie ainsi que des travaux de restauration d’éventails. Or, ces commandes se sont raréfiées dans la mesure où les secteurs qui en étaient en grande partie à l’origine, comme celui du spectacle ou de la mode, sont à leur tour durement impactés par la crise sanitaire.

Quatrième génération d’éventailliste à se succéder à la direction de l’atelier-musée, Anne Hoguet, maître d’art, se dit « déçue » par la passivité des autorités françaises face à la disparition programmée de ce lieu, dont l’une des salles est classée monument historique, et de ce savoir-faire inscrit au patrimoine culturel immatériel (PCI) français en mars 2020. Outre l’exposition de 2 500 pièces originales mettant en lumière le rôle de l’éventail dans l’histoire et la mode française, le lieu assure également la formation de jeunes fabricants d’éventails dans l’espoir que ces derniers fassent perdurer cet artisanat.

L’appel à l’aide très largement relayé a entraîné de nombreux dons. L’agence de presse américaine Associated Press à l’origine de cette information, compte d’ailleurs mettre en place dans les prochains jours une cagnotte en ligne. Cette initiative, dont Anne Hoguet se « réjouit », vise à lever des fonds afin de permettre au musée de s’acquitter de sa dette. 

Interrogée par l’Associated Press sur cette situation, Karen Taïeb, ajointe à la maire de Paris en charge du patrimoine, a déclaré qu’une réunion était prévue le 5 février, avec l’ensemble des parties au litige, « afin de réfléchir à des solutions à long terme pour ce musée du patrimoine qui se trouve dans une situation très compliquée ». Dans l’attente de cette réunion, la Mairie de Paris a obtenu du propriétaire qu’il reporte la date de paiement de la dette, fixée initialement au 23 janvier 2021.